Pourquoi la France est-elle ainsi ?

 Vérités et mensonges – Chronique de Franck Nouchi
Sur le site Internet de la Maison Blanche, un onglet renvoie aux scripts des press briefings. C’est une tradition vieille comme la démocratie américaine : chaque jour, le porte-parole du président, un conseiller, voire le président lui-même, se prêtent au jeu des questions-réponses avec les journalistes accrédités.
Tout ce qui se dit dans cette salle de presse est « on », susceptible d’être immédiatement répercuté au public. Chaque mot est mis en ligne de manière à ce que les internautes du monde entier puissent en prendre connaissance. Deux fois par jour, le même exercice de questionnement a lieu au Royaume-Uni avec les journalistes accrédités au « 10 Downing Street« .
Rien de tel en France, explique notre consoeur du Monde chargée des questions diplomatiques, Natalie Nougayrède, dans l’émission de décryptage des médias « Arrêt sur images », diffusée sur le site Internet du même nom et animée par Daniel Schneidermann. Ainsi, explique-t-elle, durant le conflit libyen, alors même que la France y joue un rôle important, les journalistes n’ont accès qu’à des points de presse techniques au Quai d’Orsay et au ministère de la défense.
 Le poste de porte-parole de la présidence de la République ayant été supprimé en 2008, il est impossible de recueillir « on », à chaud, le moindre commentaire politique sur l’action en cours. La semaine dernière, lors du briefing du Quai d’Orsay, un journaliste posait une question sur le point – essentiel – de savoir qui commande cette opération militaire. Il obtint cette réponse : « Nous y travaillons activement avec nos partenaires. » Circulez, y a rien à voir !
Allez sur le site de la Maison Blanche. Vous constaterez que le porte-parole, Jay Carney, doit faire face, chaque jour, à un véritable bombardement de questions. « Il est important, explique Natalie Nougayrède, que le pouvoir soit considéré comme comptable de la parole qu’il prononce, et tenu de s’expliquer sur les décisions qu’il annonce. »
Présent lui aussi sur le plateau d' »Arrêt sur images », David Pujadas y voit une « différence de mentalité, de culture, entre les pays, et même un autre rapport à la vérité et au mensonge ». Est-ce que cela signifie qu’en France « les politiques baratinent ? », demande Daniel Schneidermann. « Non seulement ils baratinent, répond le présentateur du « 20 heures » de France 2, mais un politique qui ment, en France, ce n’est pas considéré comme gravissime. Alors qu’aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, c’est inenvisageable. »
« Il y a en France une tradition de non-communication, ajoute Philippe Chaffanjon, directeur de France Info. Demandez aux correspondants étrangers en poste à Paris. Ils sont hallucinés par la manière dont tout cela fonctionne. »
Reste alors le « off » pour débusquer ce qui se cache derrière la langue de bois des porte-parole. Quand il y en a…
Franck Nouchi (Chronique) Article paru dans le monde ‘édition du 29.03.11

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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