Gazette d’@rrêt sur images, n° 173 asi@arretsurimages.eu
Inutile de le cacher: nous accordons beaucoup d’intérêt à ce que disent Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Todd. Tous deux, le politique et le chercheur, ont un point commun : ils pensent en dehors des clous.
Et, pour sortir de toutes nos impasses (idéologique, politique, économique), il est urgent de penser en dehors des clous. C’est pourquoi nous venons par exemple de créer un dossier consacré aux « gros mots » de l’économie (1). Et dans l’année qui nous sépare de la présidentielle, nous avons bien l’intention de mettre ces gros mots en débat.
Parmi ces gros mots, il y a « protectionnisme ». Sans que l’on comprenne pourquoi, la notion est généralement disqualifiée d’office. On pouvait imaginer Mélenchon et Todd proches sur ce plan. Or voilà que Todd, à la radio, traite Mélenchon de « gugusse », notamment à propos de la Chine. Tiens ? Ils auraient donc des zones de désaccord ? La rencontre s’imposait. Eh bien oui. Ces deux fortes têtes, si semblables par leur manière d’être, ont d’innombrables points de friction : l’écologie, le rôle de l’Etat, les élites, les riches, les médias. Et aussi, donc, le protectionnisme que prône Todd, et sur lequel Mélenchon ne semble pas encore avoir fixé sa doctrine. Moments de franchise totale, où chacun des deux finit par reconnaître ses points aveugles. Pourquoi le mot « protectionnisme » ne figure-t-il pas dans le livre de Mélenchon ? « Je ne sais pas » admet l’auteur. Et vous, Todd, l’écologie ? « Je suis faible, mais je m’y mets. »