APRES LA GUERRE…TOUT RESTE A FAIRE – JOUER AU MONDE

Françoise Simpère

Via APRES LA GUERRE…TOUT RESTE A FAIRE – JOUER AU MONDE.

Françoise Simpère

Rien de tel que s’éloigner quelque temps de la Toile pour prendre la mesure des événements  au lieu de se les prendre en pleine poire dès qu’on allume son ordinateur ou sa TV. Faut dire que 2011 joue la surchauffe !!! Tunisie, Egypte, Lybie, Séisme/Tsunami/ irradiation nucléaire au Japon, Côte d’Ivoire, Syrie, tornades aux USA, inondations en Indonésie, mariage princier, mort de Ben Laden, béatification de Jean-Paul 2… Tout ça en 4 mois, et je ne parle même pas des faits-divers genre tuerie familiale inexplicable ou infanticides multiples. On ne peut pas dire qu’un événement chasse l’autre, ils se superposent, se concurrencent et pour finir, empêchent toute réflexion, toute hiérarchisation des faits.


Importante, la révolution Tunisienne ? Oui, ô combien… Sauf qu’elle reste à faire. Chasser un dictateur est un exploit… qui ne suffit pas à installer la démocratie. Il suffit de regarder combien d’années il a fallu après 1789 pour retrouver un équilibre et ce « savoir-vivre ensemble » qui caractérisent les démocraties. Parce que remplacer un shah d’Iran par un Khomeini, lui-même supplanté par des imams encore plus intransigeants… ça n’a pas vraiment fait le bonheur du peuple Iranien, qui clamait pourtant sa joie au départ du Shah. Il va falloir du temps pour que les Tunisiens et les Egyptiens se sentent maîtres de leur destin. Tous, pas seulement une oligarchie. De plus, même si des dirigeants éclairés souhaitent réellement le bien des populations, encore faudra-t-il qu’ils disposent de moyens pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. Et pour cela, il faudra que l’Occident, c’est à dire nous, acceptions de payer nos vacances au juste prix. Cessions de nous jeter sur des semaines all-inclusive à 450 €, tenables juste parce que le petit personnel est payé au lance-pierres. Idem pour les autres camps de vacances et domaines pour retraités européens, qui achètent terres et soleil au rabais. Ca veut dire payer au juste prix, faire du commerce équitable en somme, et pas seulement en achetant du café Max Haavelar une fois par semaine, mais en payant chaque jour les choses au prix qu’elles coûtent si on paie correctement les gens. 


Quoi ??? Payer davantage alors que le pouvoir d’achat diminue ? Ben oui, et ce sera aussi douloureux qu’avec le prix de l’essence en ce moment. Mais passé ce cap difficile, si les salariés des pays pauvres sont payés assez correctement pour bien vivre dans leur pays, ils n’auront plus la nécessité de devenir des clandestins miséreux dans les nôtres. Et si les salaires deviennent décents partout dans le monde, les entreprises n’auront plus intérêt à délocaliser dans des pays où on pratique l’esclavage même s’il ne porte pas ce nom. Et alors le chômage pourra peut-être vraiment baisser en  Ffrance et en Europe (la réduction actuelle vient sans doute plus de l’arrivée à la retraite de papy-boomers qui quittent Pôle- emploi pour toucher leurs pension vieillesse que d’une réelle embellie économique).

Autrement dit, les révolutions Tunisienne, Egyptienne, Lybienne ou Syrienne peuvent être l’amorce d’un réel changement dans la mondialisation si nous acceptons d’y contribuer économiquement au lieu de simplement compter les points et les morts. Elles peuvent être un désastre si les traders en profitent pour faire monter le prix des matières premières comme cela s’est produit avec le riz ou les céréales en 2008, où les émeutes de la faim étaient le résultat d’une spéculation boursière.


Aujourd’hui, la mort de Ben Laden a fait 80% des news, avec des effets comiques du genre « voici tout ce qu’on pouvait dire sur cet événement majeur : Ben Laden est mort ». Vingt minutes d’images en boucle pour un homme qui a certes personnalisé le terrorisme, mais dont la disparition ne va pas effacer magiquement tout risque de terrorisme. Peut-être même le contraire, les martyrs plaisent dans ces sphères là… Combien plus intéressante aurait été une analyse des racines du terrorisme et des relations de la famille Ben Laden avec certains pays et certains grands de ce monde. Le terrorisme n’est jamais le fait d’un seul homme, pas plus qu’il n’existe d’homme providentiel, mais ses racines viennent de trop loin pour en parler ici. On ne naît pas terroriste, on le devient… 

A propos de mort toujours, celle de Ben Laden, plus les 16 morts de l’attentat à Marrakech, ont éclipsé les 350 morts dans les tornades aux Etats-Unis. Si Barack Obama et les autres pays occidentaux consacraient autant d’argent à la lutte contre le réchauffement climatique et contre la pauvreté qu’ils en consacrent à la guerre (même quand « les caisses sont vides, on trouve de quoi faire la guerre… ») les peuples seraient plus heureux et la planète irait mieux. 


« Est vertueux ce qui accroît le plaisir, est vicieux ce qui accroit la souffrance ». Cette belle phrase de Michel Onfray devrait servir de guide à tous les dirigeants de la planète avant de prendre une décision. Mais comme il est peu probable qu’ils le fassent, commençons par l’appliquer au quotidien, à soi-même, à ceux qu’on aime et dans tous les domaines où nous gardons quelque pouvoir sur notre vie.

A propos Frédéric Baylot

MÉDITACTION, BANDE DESTINÉE & POLÉTHIQUE « Fer senzill i lleuger, per més serenitat i alegria. » http://frederic.baylot.org/
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