
Un sondage Opinion Way prétend que les Français applaudissent les déclarations de Wauquiez. Vous savez, cette histoire d’avant : cette histoire de RSA. En fait, ça passe inaperçu, puisque on parle d’autre chose. En plus, ça tombe bien, c’est un sondage bidon. (lire ci-dessous…)
On apprend aussi que l’UMP regorge d’idées pour faire travailler tout le monde à peu près gratuitement – dans un pays où il n’y a pas de travail, ou presque – : les détenus, les jeunes qui feraient un service civique…L’esclavage est de retour. Mais personne ne s’en rend plus compte, puisqu’on parle d’autre chose (Bah !? by CC)
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Wauquiez : le sondage qui tombe à pic
En pleine polémique sur les propos nauséabonds d’un ministre des Affaires européennes en manque d’attention médiatique, voilà que Le Figaro publie un sondage commandé chez opinion way appuyant les propositions du gouvernement. Le hasard fait bien les choses, parfois. 
Au terme d’une semaine de polémique initiée par les propos de Laurent Wauquiez sur les bénéficiaires du RSA, caricaturés en bloc en profiteurs du système qui vivraient mieux que les Français qui travaillent, voici qu’arrive à point nommé pour le gouvernement le traditionnel sondage OpinionWay pour Le Figaro venant confirmer sans aucune ambiguïté que les Français applaudissent des deux mains ces propositions.
Permettez-moi d’émettre quelques commentaires sur ledit sondage.
1. Le sondage a été réalisé en ligne. Cette méthodologie est tout à fait utile et présente l’avantage d’être peu coûteuse. Elle présente cependant, malgré tout ce que les instituts qui la promeuvent en disent et en écrivent, un certain nombre de biais, que je considère comme majeurs dès lors que l’on parle d’enquêtes d’opinion. J’en ai longuement parlé là à propos du sulfureux sondage d’intention de vote Harris Interactive. Et le Credoc a très bien démontré qu’on ne pouvait reconstituer la population à partir d’un échantillon web sur tous les sujets, notamment sur les questions de mœurs, fondement de nombreuses opinions autour des sujets de société ou politique. Sollicité sur Twitter, un dirigeant d’OpinionWay m’indique que l’échantillon est issu d’un access panel, je lui adresse donc les mêmes critiques qu’à Harris, pas de jaloux.
2. On nous annonce une marge d’erreur de 2 à 3 points. C’est exact sur l’échantillon entier, ça ne l’est plus sur les réponses par proximité politique. Si l’on prend l’exemple de l’extrême gauche, l’échantillon doit être tout au plus de 70 à 100 personnes, ce qui conduit à une marge d’erreur de plus ou moins 10 points.
3. On interroge les Français en pleine polémique. Leurs réponses ne peuvent en aucun cas être les mêmes que si on les avait interrogés dans un autre contexte. Ils sont ainsi amenés à répondre à des questions que la plupart ne se sont sans doute jamais posées, à un moment où ils sont noyés sous un flot d’informations dont une bonne partie est purement et simplement mensongère (l’existence massive de gens qui vivraient mieux des aides sociales que d’un salaire, dont nous attendons toujours la preuve).
4. On leur pose des questions imprécises, sur un sujet qu’ils ne maîtrisent pas, sans leur donner un certain nombre d’éléments de contexte indispensables à une réponse raisonnée. Ainsi, la question « Faut-il imposer des contreparties aux bénéficiaires du RSA ? » pose plusieurs problèmes.
Qui sait précisément ce qu’est le RSA, comment on l’obtient, qui sont ses bénéficiaires, quelle est leur situation exacte ?
De quelles contreparties parle-t-on ? S’il s’agit de chercher activement un emploi, par exemple, bien sûr que tout le monde y est favorable.
On pose cette question alors même que JUSTEMENT, il y a cette obligation de chercher un emploi, et donc il y a déjà des contreparties !
5. On totalise les « Tout à fait favorable » et les « plutôt favorable » pour afficher une écrasante majorité en faveur de l’idée. Or, si l’on propose au répondant cette nuance, c’est bien pour isoler les avis tranchés et affirmés des robinets d’eau tiède. Répondre « plutôt » à une telle question se rapproche beaucoup plus de l’absence d’opinion réelle que de l’adhésion. C’est une solution de repli, une façon de ne pas dire qu’on ne sait pas. Seul le « tout à fait favorable » a une vraie valeur. Car les gens sont ainsi faits que si vous les interrogez sur la hauteur idéale d’une coiffe bigoudenne, ils émettront un avis même s’ils n’ont jamais quitté Vesoul.
Ceci étant dit, je poserais bien, moi aussi, des questions aux Français : si demain, vous perdiez votre emploi, vous risquiez de perdre votre logement, seriez-vous content de pouvoir bénéficier du RSA ? Trouveriez-vous normal qu’on vous détourne de votre recherche d’emploi pour vous faire travailler dans des associations ou des services publics (tiens, pourquoi ont-ils besoin de vous si les suppressions de postes dans la fonction publique sont justifiées) ?
Vous êtes contre l’assistanat, très bien. Seriez-vous d’accord pour renoncer à vos allocations familiales ? À votre allocation logement ? A votre logement en HLM ? A la subvention fiscale dont vous bénéficiez pour l’emploi de votre nounou ou de votre femme de ménage ? À toutes les autres formes de redistribution dont vous bénéficiez, qui ne sont ni plus ni moins nobles que le RSA, et ne vous aident pas moins à joindre les deux bouts qu’elles n’aident les bénéficiaires du RSA à ne pas crever la gueule ouverte dans l’un des pays les plus riches du monde ?
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