83 milliards de profits en 2010 pour les entreprises du CAC40…

… ce qui fait, pour les actionnaires, environ 40 milliards à se partager. Pour les actionnaires, mais pas pour les salariés qui ont produit ce gain. 
Oh ! Rassurez-vous. Les salariés ne sont pas « en reste » : leur pouvoir d’achat augmente de … 0,3% par an. Ouf ! Bien sûr, cette hausse magnifique n’est pas due aux salaires, puisque selon le président de la Banque centrale européenne, « augmenter les salaires serait la dernière bêtise à faire ». Et le patronat s’empresse de vouloir démontrer qu’il n’est pas bête en appliquant les conseils de Jean-Claude Trichet à la lettre… 
Loin de moi l’idée de dénoncer les mécanismes de croissance grâce auxquels se développent nos économies en se gardant de l’inflation. Et je sais que le CAC40 ne représente pas toutes nos entreprises. Mais il faut bien constater la réalité des faits : ce sont surtout les salariés jusqu’aux classes moyennes qui ont subi de plein fouet les effets de la crise : ce sont les mêmes qui ne tirent aucun bénéfice de leurs efforts pour en sortir. Ce n’est pas la promesse d‘une prime ponctuelle, dont le patronat ne veut d’ailleurs pas plus, qui va redonner confiance aux consommateurs que nous sommes. 
Non seulement nos salaires n’alimentent plus ce fameux pouvoir d’achat  que l’on tente de nous faire croire à la hausse, mais la notion même de pouvoir d’achat ne tient plus la route face à l’économie réelle. 
Le revenu disponible ou le « reste à vivre » est le principal étalon à prendre en compte pour mesurer la capacité des Français à concourir à la croissance. Parce que l’on ne peut plus ignorer le poids de nos dépenses contraintes que sont le logement, les transports, la cantine, l’accès à l’Internet ou nos  assurances privées… à l’heure où le débat sur la dépendance nous oriente vers la pensée unique de la nécessité de l’assurance individuelle. Parce que nos dépenses ne sont nécessairement pas des choix quand il s’agit de se nourrir, de se soigner, ou d’éduquer nos enfants. 
Autrement dit, si l’on veut que le reste de nos revenus joue son rôle de moteur économique par le biais de la consommation, il faut que, au départ, le revenu brut soit suffisant. Aujourd’hui il ne l’est plus : augmenter les salaires de bases et les petites retraites n’est pas une ânerie mais une nécessité vitale !
Plutôt qu’une prime politico-démagogique, nous demandons l’installation d’un salaire minimum interprofessionnel plancher et que le patronat considère les négociations salariales annuelles obligatoires comme un outil de relance et non pas comme une corvée vite oubliée. Que l’Etat joue aussi son rôle ! Tout le monde sait que notre fiscalité est inadaptée : il faut la revoir pour ne pas la faire peser exclusivement sur les classes moyennes.
 
L’Edito de Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC
Encadrement magazine – Mai 2011*
Tu seras trader, mon fils … (Le Canard Enchaîné du 25 mai 2011)
Montant total des bonus : 2 millards d’euros ! L’an dernier, les traders français s’en sont mis à nouveau plein les poches. En plus de leurs maigres revenus, près de 4 000 salariés de la BNP ont empoché 291 000 euros de rab en moyenne. Ceux de la Société générale, du Crédit agricole et de Natixis, un peu moins : 180 000 euros en moyenne. Ca va encore… Comme aux plus beaux jours de l’avant-krach. Seule différence : ils ne les toucheront que dans trois ou cinq ans. Car telle a été la grande et seule mesure de « moralisation du capitalisme » prise par Sarkozy. On les plaint.
 Avoir durement gagné tout cet argent en spéculant sur les marchés financiers et devoir patienter tout ce temps ! N’aurait-on pas été trop dur avec eux ?

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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