Extraits
Soixante-dix soldats français sont morts en Afghanistan depuis 2001. Un hommage national a été rendu à sept d’entre eux le 19 juillet, aux Invalides, en présence de Nicolas Sarkozy.
La médiatisation de l’événement tranche avec la relative indifférence du grand public dans laquelle se déroulent habituellement les cérémonies officielles et religieuses
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Le regard tourné vers la patriotique Amérique, de nombreux militaires français forment un rêve, celui que leurs morts soient aussi bien accueillis que là-bas à leur retour au pays.
Beaucoup évoquent ces cortèges, le long de la route entre Ottawa et Montréal au Canada, où se sont massées des foules pour un dernier hommage. Mais la France n’est pas le Canada, et encore moins les Etats-Unis, où fleurissent aisément les drapeaux aux fenêtres.
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Pour la troisième fois, des associations tentent de mobiliser les coeurs, à défaut des foules. L’Association nationale des combattants des opérations extérieures (Anopex) a ainsi demandé » à tous ceux qui veulent s’associer à la mémoire du sacrifice de nos héros « d’être présents à Paris, avec un drapeau français en main » si possible « , entre la porte Maillot et les Invalides, pour assister au passage des cercueils ce 19 juillet.
Les deux premières fois, le message est passé inaperçu. Une dizaine de personnes se sont tenues sur le pont Alexandre-III le 29 juin, pour l’hommage au caporal-chef du 1er régiment de chasseurs parachutistes de Pamiers, Cyrille Hugodot.
Par pudeur, manque d’organisation entre elles ou défaut de coordination avec les autorités, les associations ne parviennent pas à toucher le grand public. Pour certains officiers, la conclusion est tirée : les Français n’ont aucune considération pour des soldats dont c’est » bien le métier de se faire tuer « .
Mais selon le général Elrick Irastorza, chef d’état-major de l’armée de terre, les militaires vivent plutôt » une indifférence affectueuse « de la part des Français. Dans certaines garnisons, la ferveur est là, dans d’autres moins. » Le pire, dit-il, serait de généraliser. «
Nathalie Guibert
© Le Monde 20 juillet