Syrie – Journées sanglantes : Obama déterminé à isoler Bachar Al Assad – Appel à témoignages sur Le Monde

 L’armée syrienne lance l’assaut contre Hama

LEMONDE.FR avec Reuters et AFP | 31.07.11
L’offensive sanglante menée à la veille du ramadan par l’armée syrienne contre la ville de Hama, un des principaux foyers du mouvement de contestation contre le régime de Bachar Al-Assad, a déclenché une vague de condamnations internationales.
Dans la nuit de samedi 30 à dimanche 31 juillet, les chars de l’armée sont entrés dans la ville, faisant une centaine de morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé à Londres mais qui s’appuie sur des témoignages recueillis sur place. Les bilans sont invérifiables, les journalistes n’étant pas autorisés à travailler en indépendance sur place. Selon les organisations sur place, il s’agit de « l’une des journées les plus sanglantes » depuis le début de la révolte mi-mars.
OBAMA DÉTERMINÉ À ISOLER BACHAR AL ASSAD
 
Le président américain Barack Obama s’est dit choqué par l’assaut massif lancé par l’armée syrienne et a promis de s’employer avec d’autres pays à isoler le président Bachar al Assad. « Les informations en provenance de Hama sont terrifiantes et mettent en évidence le vrai caractère du régime syrien », a déclaré Barack Obama dans un communiqué publié par la Maison blanche.
« La Syrie sera un endroit meilleur lorsqu’une transition démocratique se mettra en place », poursuit-il. « Dans les jours qui viennent, les Etats-Unis continueront d’accentuer la pression sur le régime syrien et coopéreront avec d’autres à travers le monde pour isoler le gouvernement d’Assad et soutenir le peuple syrien. »
Le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a lui aussi dénoncé le « massacre » commis par le régime syrien et a appelé Damas à procéder à la passation du pouvoir. « Je condamne l’intervention militaire à Hama et dans d’autres villes (…) Le massacre doit cesser maintenant et le régime doit commencer la passation du pouvoir », a déclaré M. Buzek dans un communiqué.
La Turquie s’est elle aussi exprimée, demandant au régime syrien d’arrêter ses attaques meurtrières contre les civils et d’avoir recours à des méthodes pacifiques pour faire face à la contestation dans le pays.
Sur la page facebook de la révolte syrienne, plusieurs vidéos témoignent de la violence de l’offensive de l’armée :  « La Syrie est en sang », dénoncent les militants sur cette page, moteur de la contestation, qui appelent à des « manifestations de représailles » dimanche soir à la sortie des mosquées après les « Tarawih », les prières nocturnes pendant le ramadan qui commence dans la soirée.
Un médecin préservant son anonymat par peur de représailles a raconté l’offensive : « Les chars nous attaquent en provenance de quatre directions différentes. Leurs mitrailleuses tirent à l’aveugle et les chars détruisent les barricades érigées dans les rues par des habitants ».
Selon un autre témoin, qui préfère taire son nom, « cinq chars sont actuellement postés à côté du palais du gouverneur », faisant état de tirs par intermittence. « Le bilan est lourd, il y a des corps dans les rues qui n’ont pas encore été ramassés », a indiqué un autre habitant, ajoutant que des tireurs d’élite avaient pris position sur les toits de la prison principale de la ville ainsi que sur le siège de la compagnie nationale d’électricité.
HAMA, VILLE-SYMBOLE
Hama, dans le centre de la Syrie, a été le théâtre de certaines des plus grandes manifestations de la contestation qui a débuté mi-mars. Suite à ces manifestations monstre, le gouverneur de Hama, Ahmad Khaled Abdel-Aziz, a été limogé le 2 juillet par un décret présidentiel. C’est aussi une ville-martyre symbole de la lutte contre le régime en Syrie depuis la terrible répression en 1982 d’un soulèvement des Frères musulmans contre le président Hafez al-Assad, le père de Bachar. Certaines estimations avancent un bilan de 30 000 morts lors de cette brutale répression. En mai, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, naguère un des principaux alliés d’Assad, avait prévenu le président syrien : « Nous ne voulons pas assister à un nouveau massacre d’Hama. »
Ailleurs dans le pays, « dix-neuf personnes ont été tuées dimanche à Deir Ezzor, six autres sont mortes à Harak et une à Boukamal », a précisé l’OSDH. Les militants redoutent une répression massive à Deir Ezzor, située sur les rives de l’Euphrate dans une région pétrolière et devenue un important foyer de contestation contre le régime autoritaire du président Assad. Vendredi, au moins 50 000 personnes y avaient défilé pour réclamer la chute du régime, puis 300 000 avaient participé aux funérailles de civils tués au cours de rassemblements précédents, selon l’OSDH.
Dans la région de Damas, l’armée a également lancé une attaque sur la ville de Mouadhamiya, selon l’OSDH. Plus de 300 personnes ont été arrêtées dans cette ville, qui est privée d’électricité et de moyens de communication, selon la Ligue syrienne des droits de l’homme.
Lancé à la mi-mars dans le sillage des révolutions tunisienne et égyptienne, le mouvement de contestation aurait fait 1 634 morts, selon un récent rapport de l’ONG Avaaz, qui avance également le nombre de 2 918 disparus. Il y aurait eu également plus de 25 000 personnes arrêtées, dont la moitié serait toujours derrière les barreaux.

Appel à témoignages

Vous êtes à Hama, en Syrie. Comment s’organise la contestation ?
Lundi, des manifestants soutenant le régime de Bachar Al-Assad ont attaqué les ambassades des Etats-Unis et de la France à Damas, pour contester la visite de leur ambassadeur dans la ville rebelle de Hama. Vous habitez à Hama. Est-ce que la situation s’est tendue depuis l’attaque des ambassades ? Prenez-vous part au mouvement de protestation ? Si oui, comment s’organise-t-il ? Sinon, quelles répercussions a-t-il sur votre quotidien ? Une sélection de témoignages sera publiée sur LeMonde.fr. Vous pouvez aussi répondre en anglais.
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Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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