Bretagne – Polémiques sur les ALGUES VERTES. « Une communication gouvernementale désastreuse »

 Pour les associations environnementales, la prise de parole de NKM arrive trop tard. De leur côté, les agriculteurs organisent un match sur la plage interdite de Morieux.
Nouvel Obs 10 août 2011

 A Morieux, la plage Saint-Maurice est toujours interdite au public, dans l’attente d’analyses supplémentaires, la mairie d’envisage pas d’ouverture les jours qui viennent. (Damien Meyer – AFP)
 Nathalie Kosciusko-Morizet tente de calmer la polémique sur les algues vertes. La ministre de l’Ecologie a ordonné, mardi 9 août, la fermeture de toutes les plages de Bretagne où les algues vertes ne peuvent être ramassées toutes les 24 heures. Pour la ministre, il s’agit d' »une exigence réaffirmée de manière très stricte après avoir reçu les analyses » effectuées sur les sangliers retrouvés morts en juillet dans l’estuaire du Gouessant.
La ministre n’a fait que rappeler les consignes du plan de lutte contre les algues vertes mis en place début 2010, a précisé mercredi 10 août la préfecture de la Région Bretagne. A la préfecture, on signale d’ailleurs que depuis le 8 juillet, une seule plage est fermée sur les 550 que compte la Bretagne : celle de Morieux, là où les sangliers morts ont été découverts.
Les premiers cadavres de sangliers ont en effet été trouvés le 7 juillet. Et la ministre a fait son annonce le 9 août. « On ne peut qu’être surpris par cette prise de parole tardive. La communication gouvernementale autour de cette affaire a été désastreuse », regrette Jean-François Piquot, porte-parole d’Eau et rivières de Bretagne. « Les pouvoirs publics ne souhaitaient pas reconnaître la responsabilité des algues. Si cela avait été immédiatement admis, il n’y aurait pas eu toute cette bulle médiatique qui donne l’impression que tout est vert en Bretagne alors que seuls certains points posent véritablement problème », estime-t-il.
 Ces résultats « tendent à montrer que c’est vraiment l’hydrogène sulfuré issu de la décomposition des algues qui est la cause majeure », a enfin reconnu la ministre.
Une dangerosité prouvée depuis 2009
Pour les associations écologistes, cette annonce représente la reconnaissance par les pouvoirs publics qu’un problème environnemental est devenu un problème de santé publique. Les militants se désolent pourtant qu’il ait fallu attendre la mort des 36 sangliers alors qu’ils donnent l’alerte depuis des années. Ils rappellent que la preuve de la dangerosité des gaz dégagés par la décomposition des algues est établie depuis 2009, lors de la mort d’un cheval sur la plage de Saint-Michel-en-grève.
« L’annonce de la ministre est pour le moins abrupte », s’étonne Jean-François Piquot pour qui « certains élus vont se retrouver face à de grandes difficultés ! La situation peut changer d’un jour à l’autre. Faudra-t-il mettre des barbelés ? Quels moyens financiers vont être donnés aux communes? »
Amadouer les agriculteurs
En revanche, selon le porte-parole, Nathalie Kosciusko-Morizet continue à amadouer les agriculteurs qu’elle juge « en partie » responsables des pollutions par l’azote. « Alors que les chiffres montrent bien que 95% des rejets sont d’origine agricole », tempête le militant.
Lors d’un point presse, le président de la Chambre départementale d’agriculture, Olivier Allain a rejeté ces attaques : « Mettre encore les algues vertes et derrière ça le monde de l’élevage au banc des accusés c’est un peu de trop ». Les agriculteurs de la région mettent d’ailleurs en doute l’existence d’un lien entre la décomposition des algues et la mort des sangliers.
Au moment où la ministre de l’Ecologie annonce la fermeture de plages, le gouvernement prépare de nouvelles mesures qui permettront d’augmenter les épandages. « Nathalie Kosciusko-Morizet reste dans l’effet d’annonce. On marche sur la tête », regrette Jean-François Piquot.
Match de foot sur la plage de Morieux
Les agriculteurs ne semblent pourtant pas se satisfaire de l’engagement en leur faveur du président de la République à Crozon le 7 juillet dernier ni de celui de la ministre du Développement durable. Mécontents des attaques contre leur profession, la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor ont décidé d’organiser un match de football sur la plage Saint-Maurice de Morieux vendredi 12 août.
A Morieux, la plage Saint-Maurice est toujours interdite au public, dans l’attente d’analyses supplémentaires, la mairie n’envisage pas d’ouverture les jours qui viennent.
Les organisateurs de ce match entendent ainsi dénoncer les positions des associations écologistes : « Il s’agit de montrer que l’on peur s’amuser en toute sécurité sur les plages touristiques des Côtes-d’Armor », explique leur communiqué. Les organisateurs évoquent un moment « convivial ». Sur la plage interdite, ce match risque fort de plutôt ressembler à un bras de fer.
Louis Morice – Le Nouvel Observateur
 

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