Les Inrocks – 21/07/11 – Guillemette Faure
Google affecte la façon dont nous utilisons notre mémoire. Quand on sait où trouver une information, on est moins susceptible de la mémoriser. C’est ce qu’une équipe de chercheurs appelle “l’effet Google”.
Une de leurs expériences conduites auprès d’étudiants d’Harvard et de Columbia a consisté à leur demander de taper des informations sur un ordinateur : ceux à qui l’on disait que ces informations seraient sauvegardées se souvenaient moins de ce qu’ils avaient écrit que ceux à qui on avait dit qu’elles seraient effacées.
J’ai déjà remarqué, sans penser à publier mes conclusions, que si je m’arrête en voiture pour demander mon chemin, ma capacité à me souvenir des indications qu’on m’a données est inversement proportionnelle au nombre de gens dans la voiture.
Pour Betsy Sparrow, psychologue à l’université de Columbia et coordinatrice de cette recherche, cela relève du même fonctionnement.
“C’est le concept de ‘transactive memory’ que David Wegner, un de mes directeurs de recherche, a développé il y a 30 ans. Il peut même y avoir une division du travail de mémoire au sein du couple”, explique la psycholoque, qui précise qu’Internet, ce n’est “rien de plus que beaucoup de gens qui mettent beaucoup d’informations dont ils se souviennent pour nous”.
« La différence, explique-t-elle encore par téléphone, c’est qu’on n’est pas conscient de la façon dont on externalise une partie de notre mémoire auprès de proches alors que l’idée d’avoir recours à Internet comme à une mémoire externe vient à l’esprit immédiatement : les gens se rendent compte qu’ils ne se souviennent plus des numéros de téléphone mais ne se rendent pas compte qu’ils s’appuient sur leur conjoint pour leurs dates d’anniversaire. »