L’auteur « d’Indignez-vous ! » était l’invité d’honneur du dignitaire tibétain, qui donnait une conférence publique sur « l’art du bonheur »

A Toulouse, l’harmonie affichée du dalaï-lama et de Stéphane Hessel

Trop petit, le Zénith a été doublé d’une grande tente sur le parking où 2.000 personnes ont pu suivre la rencontre sur écran géant
Venu de Dordogne, un couple pique-nique sur le parking du Zénith de Toulouse en attendant que le flot des voitures se disperse. Elles sont immatriculées de toute la région, mais aussi d’Espagne, de Suisse, etc. Il est 17h30 et le dalaï-lama vient de terminer son long week-end en France par une conférence publique en se félicitant des milliers de personnes qui composaient l’assistance « malgré les vacances ».
Contrairement aux deux premières journées, plus axées sur un enseignement spirituel à l’intention des bouddhistes français, la conférence du 15 août sur « l’art du bonheur » se voulait plus grand public. Près de 9.000 personnes y ont assisté. La plus grande salle de spectacles de Toulouse (7.000 places) affichait complet depuis le mois d’avril, selon les organisateurs qui avaient monté un vaste chapiteau où environ 2.000 personnes ont pu suivre la rencontre sur un écran géant, avec Stéphane Hessel en « guest star ».
Le diplomate français, auteur d’« Indignez-vous ! », n’a pas beaucoup parlé à Toulouse, sinon pour souhaiter que « se mélangent la sagesse orientale et occidentale ».

Mais les deux hommes ont multiplié les signes d’affection en public et le dalaï-lama a fait référence à plusieurs reprises à son invité durant son discours. « S’indigner contre l’injustice, n’est-ce pas une preuve de compassion » a-t-il notamment déclaré. Il a également loué la santé de ce nonagénaire « qui marche sans canne », preuve à ses yeux de sa « bonté altruiste », l’une des clefs à ses yeux du « calme intérieur ».

 Invité par la représentation du Tibet en exil à Paris suite au succès de son fascicule vendu et traduit à 1 million d’exemplaires dans le monde, Stéphane Hessel a pu s’entretenir en tête à tête pendant 30 minutes avec le dalaï-lama avant la conférence. Les deux hommes ont notamment évoqué la situation politique au Tibet, selon les confidences de l’ancien diplomate sur le plateau de France 3 Midi-Pyrénées.
Comme pour certains meetings politiques, la conférence du dalaï-lama, qui s’exprimait en anglais, était également traduite en langues des signes. Le public anglophone n’attendait souvent pas la traduction en français de Mathieu Ricard pour rire et applaudir aux bons mots et facéties qui donnent aux discours du leader spirituel des Tibétains leur ton bonhomme inimitable.
« Cette écharpe est une coutume indienne, elle a été fabriquée en Chine et porte des caractères tibétains » précise ainsi d’emblée Sa si singulière Sainteté en passant une étoffe blanche au cou de Stéphane Hessel, symbole à ses yeux d’une « harmonie » possible entre les peuples indiens, chinois et tibétains. Le dalaï-lama a formé le vœu que le XXIe siècle soit « le siècle du dialogue » après les conflits qui ont marqué le XXe. Mêlant grandes considérations politiques et petits conseils à ses « amis », il estime toutefois qu’un « monde meilleur ne va pas tomber du ciel : nous devons agir ». Stéphane Hessel opine du chef et serre longuement la main de son nouvel ami durant la traduction de ces propos.
Venu avec son pliant pour écouter le dalaï-lama, Jacques, un néo-Toulousain qui confesse ne pas trop aimer les religions, dit avoir été conquis par le charisme de ce « sage » et par l’ambiance de la conférence, si éloignée d’une messe à l’occidentale. Le couple de pique-niqueurs, habitué des temples bouddhistes de Dordogne, a apprécié que leur leader spirituel fasse « l’unanimité » des nombreuses écoles de lamas qui se réclament du bouddhisme tibétain. « C’est un peu comme chez les catholiques avec les Franciscains, les Dominicains, etc » tentent-ils d’expliquer pour justifier la profusion de stands de différentes « lignées » qui attendaient le public à la sortie du Zénith. En arrivant à leur voiture, ils trouveront un tract qu’un jeune étudiant d’une église évangélique a distribué sur tous les pare-brises.
Blog abonné du Monde 16 août 2011

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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