Lot-et-Garonne : ils survivent à quatre avec 700 euros
Un couple avec deux grands enfants survit avec les 705 euros versés dans le cadre du RSA. Ni auto, ni vacances, ni cinéma. Mais de la dignité. Témoignage
Sud-Ouest Lundi 29 août 2011 Par maryan charruau
« Je jongle sans arrêt. C’est dur. Je redoute le passage du facteur. » Photo Jean-Louis Borderie
«J’espère un jour mettre la tête hors de l’eau. Le plus vite possible ! Si je tiens, c’est pour mes enfants. Ma seule priorité. J’y consacre toute mon énergie. Je n’ai plus de motivation pour moi, plus envie par exemple de me maquiller. Je m’oublie. »
Cinquantenaire, cette Agenaise est sans emploi depuis 2009. Son mari un peu plus âgé est handicapé depuis une dizaine d’années, mais ne touche aucune allocation. Le couple vit dans un immeuble au premier étage avec deux grands enfants de 14 et 20 ans. L’aînée, qui vient d’obtenir un CDD, devrait bientôt quitter un foyer qui vit avec le seul argent du RSA.
« Notre budget ? 680 euros par mois, car nous versons un peu plus de 20 euros pour rembourser un prêt pour de l’équipement ménager. Notre loyer, charges comprises, va passer au 1er septembre de 51 à 57 euros. Une fois que vous avez payé gaz, eau et électricité… Quand je n’y arrive pas, ce sont ces factures en premier que je ne paie pas. Nous avons été coupés plusieurs fois en eau et en électricité. Je jongle sans arrêt. C’est dur. Je redoute le passage du facteur… Je me dis : qu’est-ce qui va encore me tomber sur la figure ? »
Dernières vacances en 2003
« J’ai dû aller une fois au ciné en un an. Le Mc Do ? Non », relate le fils. Les dernières vacances de la famille remontent à 2003. « Nous avions été en Bretagne pendant trois semaines, en camping. Je m’en rappelle, l’eau était salée ! », poursuit le collégien. « C’était grâce à la CAF, ça nous avait coûté une cinquantaine d’euros, plus le voyage. Depuis, les vacances se résument aux quatre murs de notre appartement », relève sa maman.
Laquelle reconnaît que « moralement, c’est difficile. Heureusement, nous sommes solides. Nous avons de bons voisins. Côté famille, nous avons été écartés. Nous ne sommes pas assez bien pour eux. Mon fils ne connaît pas ses grands-parents. Ils vivent en Normandie et en Alsace. »
Digne et combative, cette femme qui suit un projet avec le centre social d’Agen, ne baisse pas les bras. « Je suis prête à travailler. Je tiens le coup sans médicament. Et il n’y a pas de dépenses inutiles à la maison. On a renoncé à la voiture il y a une dizaine d’années. Nous avons un téléphone à carte que nous rechargeons quand on peut. Je ne pensais pas un jour tomber aussi bas. La dégradation a été progressive. À une époque, il ne manquait pas grand-chose pour s’en sortir. On n’a pas eu le coup de pouce au bon moment ! »
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