Nouvel Observateur – 20-09-11 – Anne-Sophie Hojlo
Requérant une relaxe générale, l’accusation s’est fait le porte-voix de la défense devant une salle d’audience médusée.
« S’agissait-il d’un emploi fictif ? Jacques Chirac en avait-il connaissance ? » Voilà le refrain qui a rythmé mardi 20 septembre le réquisitoire des vices-procureurs Michel Maes et Chantal de Leiris, au procès de Jacques Chirac. Répété à 28 reprises, pour chaque bénéficiaire des emplois présumés fictifs de la Ville de Paris, et assorti chaque fois d’une réponse négative, il n’a ménagé que peu de suspens quant à son issue : c’est bien la relaxe que le ministère public a requis pour tous les prévenus.
« Les éléments manquent pour caractériser tant l’aspect intentionnel que matériel d’une infraction, c’est pourquoi je requiers la relaxe de tous les prévenus pour l’ensemble des faits qui leur sont reprochés », conclut Michel Maes après plus de 2h30 d’exposé. Sans surprise puisque le parquet avait déjà requis un non-lieu au terme de l’instruction.
Après le principal prévenu, Jacques Chirac, puis son témoin star, Alain Juppé, c’est donc l’accusation qui a fait défaut au si étrange procès de l’ex-chef de l’Etat. Se faisant même le porte-voix de la défense devant une salle d’audience médusée.
« Une sorte de mécénat »
Non seulement il n’y avait pas de « système frauduleux, encore moins mafieux », à la Mairie de Paris, mais il n’y avait même pas d’emplois fictifs, dit le ministère public – qu’importe si Alain Juppé a été condamné en 2004 dans un volet de l’affaire.
Enumérant la longue liste des chargés de mission aux attributions plus ou moins fantaisistes et obscures (« suivi de l’opinion publique », « travail de synthèse et de remerciements sur les nombreux livres que Jacques Chirac recevait en cadeau »), les procureurs s’emploient à démontrer en quoi chacun a été utile à la Ville de Paris. Et mérite donc le salaire versé par la municipalité.