La gauche espère faire main basse sur le Sénat

France24 – 23 septembre 2011 Gaëlle LE ROUX
 La gauche espère faire main basse sur le Sénat
Un peu plus de 70 000 grands électeurs renouvelleront la moitié des sièges du Sénat français, dimanche. Pour la première fois depuis l’avènement de la Ve République, la chambre haute du Parlement pourrait basculer à gauche. 
C’est un vote crucial qui se joue le 25 septembre au Sénat. Dans le cadre des élections sénatoriales organisées dimanche, un peu plus de 70 000 grands électeurs sont appelés à renouveler la moitié des sièges de la chambre haute du Parlement français qui pourrait, à cette occasion, basculer à gauche pour la première fois de son histoire. 
« Il s’agirait d’un coup de tonnerre dans notre vie politique », commentait lundi dernier le sénateur socialiste David Assouline au siège du PS. Car depuis l’instauration en France de la Ve République il y a 53 ans, le Sénat, qui représente les collectivités territoriales dans les institutions de la nation, est resté majoritairement à droite.
La gauche gagne du terrain dans les collectivités locales
Mais depuis les élections régionales de 2004 marquées par une « vague rose », la gauche grignote petit à petit l’emprise de la droite sur les administrations locales. Aux municipales de 2008, un an à peine après la victoire de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle, celle-ci avait conquis de nouvelles grandes villes telles que Toulouse, Caen ou Strasbourg, après avoir enlevé Paris et Lyon en 2001. Aux régionales de mars 2010, celle-ci a accentué l’écrasant succès qu’elle avait remporté six ans auparavant, ne laissant à la droite qu’une seule région, l’Alsace. Quant aux cantonales de mars dernier, à l’issue desquelles la gauche gère 60 départements contre 40 pour la droite, elles n’ont fait que confirmer cette tendance.
« Depuis 2004, la plupart des collectivités locales – dont sont majoritairement issus les grands électeurs – sont passées à gauche, confirme Tangui Morlier, co-fondateur du site Nossenateurs.fr. Alors, on s’attend logiquement à ce que leurs représentants votent pour des sénateurs de gauche ».
Comme ce dernier le fait également remarquer, le calcul n’est cependant pas si simple : le mode de scrutin aux sénatoriales a tendance à être plus favorable aux communes rurales – traditionnellement plus conservatrices – qu’aux zones urbaines – plus progressistes. En outre, pour jouir d’une majorité absolue au Sénat, la gauche devrait gagner plus de 25 sièges. Une sorte de défi…
« Il faudrait 27 ou 28 sièges [supplémentaires pour la gauche] pour faire basculer le Sénat. Rien ne se passera avant le 25e siège », expliquait fin août Gérard Larcher, le président (UMP) du Sénat, au quotidien Le Figaro . Sur les 343 sièges que compte la chambre, la gauche en détient actuellement 164, contre 179 pour la droite.
L’UMP n’a cependant qu’une marge de manœuvre limitée : depuis 2008, elle a perdu la majorité absolue au palais du Luxembourg et doit composer avec l’Union centriste.
Celle-ci tente donc de resserrer les rangs et d’éviter l’émergence de groupes dissidents dans plusieurs régions de France. Perdre le Sénat à huit mois seulement de la présidentielle représenterait un sérieux revers pour le gouvernement…
Budget et sécurité sociale : des enjeux de taille
Reste que si « la situation est un peu difficile pour l’exécutif depuis que la droite a perdu la majorité absolue au Sénat en 2008, la marge de manœuvre de la gauche, en cas de victoire, sera très très réduite également », analyse Françoise Cariès, co-auteur de « La Bataille du Sénat » (éd. Robert Laffont, 2011). La Constitution de 1958 prévoit, en effet, qu’au niveau législatif, l’Assemblée nationale peut, en définitive, avoir le dernier mot sur un texte de loi à la demande du gouvernement, même si le Sénat a le pouvoir d’en freiner l’adoption et d’en modifier considérablement le texte.
« Si la gauche passe au Sénat, elle pourra agir en force d’opposition, reprend Françoise Cariès. Elle pourra, par exemple, retarder et modifier le projet de loi sur le budget de l’État ou la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale, les deux gros enjeux de ces prochains mois dans cet hémicycle ».
Le groupe Communiste, républicain, citoyen et sénateurs du Parti de gauche (CRC – SPG) entend, lui, se servir d’un Sénat rose comme d’un bastion de résistance à la politique de Nicolas Sarkozy. « Si – je dis bien si – le Sénat bascule à gauche, le gouvernement aura beaucoup de mal à faire passer le budget de rigueur qu’il a annoncé. Nous vivrons alors une nouvelle forme de cohabitation. Et on espère que cela permettra de freiner l’activité politique du chef de l’État avant la présidentielle…. « , annonce ainsi Marc Hainigue, le secrétaire général du groupe CRC-SPG au Sénat.
Mais celui-ci se veut prudent avant tout : « On ne veut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué », poursuit-il, avant de conclure, tentant de conjurer le sort « Personne ne sait ce qu’il va se passer, et à force d’en parler, on va passer à côté ! »

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