Sénatoriales – Le but est limpide, si la manœuvre l’est moins : Sur consigne les services de Claude Guéant ont publié des listes de candidatures dépourvues de toute étiquette politique …

Sénatoriales : Claude Guéantbrouille les pistes des résultats

Le Monde 25 septembre 2011
Une semaine après avoir accueilli 20 000 visiteurs lors des Journées du patrimoine, le Palais du Luxembourg s’apprête à vivre une journée d’effervescence, dimanche 25 septembre, à l’occasion du renouvellement de la moitié des sièges du Sénat. Les 640 m2 de la salle des conférences, moquettée de pourpre et lambrissée d’or, vont se transformer, dans l’après-midi, en une gigantesque ruche médiatico-politique suspendue à la tombée des résultats, département par département, qui, après avoir été traités par les services du Sénat, seront affichés sur les panneaux dressés le long de la galerie des Bustes.
Le suspense pourrait durer jusqu’à une heure avancée de la nuit en cas de résultat serré. Il faudra attendre les résultats de Saint-Pierre-et-Miquelon (un siège à pourvoir), prévus aux alentours de 22 heures, puis ceux de la Martinique et de la Guadeloupe (5 sièges), entre 1 heure et 2 heures, pour être définitivement fixé. La gauche peut en effet espérer, dans ces départements et territoires d’outre-mer, gagner 2 ou 3 sièges.
Ce qui laisse augurer, dans la soirée, une chaude lutte d’influence pour gagner, dans un premier temps, la bataille de la communication. Le ministère de l’intérieur s’est particulièrement illustré, à la faveur de ce scrutin, pour rendre la lecture des résultats la plus opaque possible. Sur consigne du cabinet du ministre, Claude Guéant, ses services ont publié des listes de candidatures dépourvues de toute étiquette politique. Un choix inhabituel, signe d’une fébrilité certaine.
Le but est limpide, si la manœuvre l’est moins : alors que la majorité risque de se jouer à une poignée de voix, laisser planer l’incertitude sur le rattachement de quelques élus dont l’appartenance politique n’est pas clairement identifiée et laisser penser qu’ils pourraient finalement rejoindre le camp de la majorité présidentielle. Ce qui peut ouvrir la voie, subséquemment, à différentes pressions et tentatives d’approche en direction de ces élus dits « charnières », entre le soir du scrutin et l’élection, samedi 1er octobre, du président du Sénat par l’ensemble de l’Hémicycle renouvelé.
Les premières annonces devront, par conséquent, être lues avec toute la prudence nécessaire pour ne pas céder aux messages triomphants que l’un et l’autre camp veulent s’efforcer de faire passer. Le président sortant, Gérard Larcher (UMP), a prévu une conférence de presse peu avant 20 heures. Chaque groupe politique, de son côté, fera de même tout au long de la soirée. Les responsables de la majorité continuent d’afficher une sereine assurance. Ils considèrent que « le collège électoral sénatorial reste majoritairement à droite ». En conséquence, selon eux, les candidats de la majorité « devraient bien s’en sortir au scrutin majoritaire », dans les départements les plus ruraux. Ils espèrent « ne pas trop mal s’en tirer dans les scrutins proportionnels », qui s’appliquent dans les départements plus denses, même s’ils redoutent « quelques mauvaises surprises en Ile-de-France à cause des divisions ».
« INTOXICATION »
Si, pour les investitures, les discussions se sont « plutôt bien passées » entre l’UMP et les centristes, c’est à l’intérieur de l’UMP et entre les centristes eux-mêmes que les difficultés se sont propagées. « Les centristes ont tout fait pour se neutraliser entre eux », note l’entourage du président du groupe UMP, Jean-Claude Gaudin, se disant malgré tout convaincu que « nous conserverons la majorité, avec une fourchette de 5 à 10 sièges, et Gérard Larcher sera réélu ».
« Intoxication », s’insurge Jean-Pierre Bel, le président du groupe socialiste et vraisemblable candidat de la gauche – les partenaires du PS ne devraient pas présenter de candidat – à la présidence du Sénat. « C’est une stratégie de campagne destinée à impressionner les grands électeurs et à démoraliser le camp d’en face », conteste le sénateur de l’Ariège. La gauche, toutefois, n’est pas à l’abri de quelques pertes dans des départements qui sont de forts pourvoyeurs de sièges, comme le Nord, le Pas-de-Calais ou la Seine-Saint-Denis, en raison de la concurrence de listes dissidentes de gauche.
L’incertitude risque de persister, dimanche soir et au-delà, sur les rapports de forces définitifs au sein de l’Hémicycle. Les groupes et leur composition ne seront déposés que mardi 4 octobre, trois jours après l’élection du président du Sénat. Certains sénateurs peuvent être tentés d’attendre, selon les propositions qui leur auront été faites, de connaître l’heureux élu pour déterminer leur choix. Mystères et délices du Sénat.
Patrick Roger

Le Parisien : Sénatoriales: les listes de candidats publiées sans les étiquettes

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Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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