Police : après Lyon ? – Préfecture embarrassée, concernant 2 commissaires de police à Paris et à Colombes (H-de-S), soupçonnés de  » corruption  » et de  » violation du secret professionnel « .

Contraventions sautées,  » tuyaux  » donnés, les curieuses méthodes de deux policiers
BIEN QUE d’une ampleur bien moindre que le dossier de corruption impliquant les policiers lyonnais, l’affaire embarrasse la Préfecture de police (PP), à Paris, qui s’est révélée d’une étonnante discrétion. Elle concerne deux commissaires de police en poste à Paris et à Colombes (Hauts-de-Seine), soupçonnés de  » corruption  » et de  » violation du secret professionnel « .
Le 30 juin, François Ottaviani, 61 ans, commissaire de police à Colombes et principal suspect, a été mis en examen par le juge parisien Renaud Halem. Mais le dossier qui le concerne égratigne également Benoît Collin, 49 ans, chef de service au tribunal de police de Paris. Il a été entendu dans le cabinet du juge, mais n’a fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire ni de sanctions disciplinaires.
Toutefois, les faits ont été jugés suffisamment graves pour que la PP limoge le commissaire Collin du tribunal de police et le mute à Nanterre, dans un poste non opérationnel de la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) des Hauts-de-Seine.
Les deux fonctionnaires visés par l’inspection générale des services (IGS, la police des polices) sont soupçonnés d’avoir annulé des contraventions et d’avoir fourni des renseignements sur des dossiers en cours, en échange de récompenses : repas au restaurant ou prêts de  » belles voitures « , comme cela figure sur des écoutes téléphoniques réalisées dans le cadre de l’information judiciaire.
L’histoire part d’une enquête ouverte en novembre 2009 au parquet du Mans. Une famille, suspectée d’escroquerie, de travail dissimulé, de blanchiment, de recel et de non-justification de ressources, est placée sur écoute. Très vite les policiers s’aperçoivent que l’un des membres de cette famille, Grégory Caplot, est renseigné sur l’enquête. Il est informé des surveillances qui visent ses proches et des filatures en cours. Ces renseignements ne peuvent provenir que d’une personne ayant accès aux fichiers de police ou de gendarmerie.
 » Mon petit poulet  » : Les investigations plus poussées confirment les soupçons : un commissaire de police, François Ottaviani, entretient des relations étroites avec Grégory Caplot. Agé de 41 ans, l’homme, qui est domicilié à Athis-Mons (Essonne), possède un magasin de tapis et d’antiquités, avenue Ségur à Paris. Il est également propriétaire de deux appartements, l’un à Paris, l’autre à Saumur (Maine-et-Loire).
Les bons offices du commissaire Ottaviani servent aussi bien à faire annuler les contraventions de police qu’à régler des problèmes de passeports, de visas ou encore des contentieux d’argent auxquels Grégory Caplot est mêlé. Les deux comparses s’entendent comme larrons en foire.
Le ton des conversations interceptées ne laisse pas de doutes sur les liens qu’ils ont noués. Ils se lancent des  » ma poule « ,  » ma caille « ,  » mon petit poulet «  et s’envoient  » des bisous « . Autant de familiarités attestant que la confiance règne.
A tel point qu’en février 2010 le commissaire Ottaviani appelle l’un de ses collègues en renfort. Le commissaire Benoît Collin est chef des services au tribunal de police de Paris, où il assure le ministère public. Le meilleur profil pour faire annuler les amendes et les contraventions diverses.  » C’est une grosse cuisine, je l’ai dans ma pogne « , se vante Grégory Caplot.
Et, de fait, il prête  » une belle voiture «  au commissaire Collin qui semble apprécier, s’inscrit au même stand de tir et partage des soirées parisiennes au Fouquet’s en compagnie d’Ottaviani. Un trio est né. Les déjeuners se suivent, l’occasion pour Grégory Caplot de transmettre des contraventions que les policiers se font un devoir d’annuler.
Cette affaire suscite un vif émoi dans les rangs policiers. Le Syndicat national des officiers de police (SNOP) s’étonne que la hiérarchie policière fasse preuve de mansuétude quand il s’agit de ses proches membres.  » Il semble qu’il y ait deux poids, deux mesures « , déplore Jean-Marc Bailleuil, son secrétaire général adjoint, en rappelant qu’un officier de police avait été promptement sanctionné, à Marseille, début septembre, pour avoir alerté un propriétaire de restaurant qu’il allait faire l’objet d’un contrôle imminent.
.Yves Bordenave
Paru dans l’édition abonnés © Le Monde dimanche lundi 2/1011
 
Les commissaires de police mis en cause dans des affaires
29 juin 2011 Le commissaire François Ottaviani, 61 ans, est interpellé par l’Inspection générale des services (IGS) dans le cadre d’une affaire de corruption. Il est mis en examen. L’affaire est toujours à l’instruction à Paris.
5 mars 2009 Le commissaire de Juvisy (Essonne), Stéphane Marchand, 39 ans, est pris dans une affaire de détournements de fonds. Il a été condamné à huit mois de prison avec sursis.
13 mars 2008 Le commissaire Patrick Moigne, 49 ans, est suspecté d’avoir vendu des fichiers de police. Il a passé cinq mois en détention provisoire. L’affaire n’a pas encore été jugée.
15 janvier 2005 Le commissaire Michel Carosso, 48 ans, est pris dans une affaire de réseau de prostitution. Condamné à un an de prison en mai 2006, il a été révoqué de la police.
3 mars 1997 Le commissaire Philippe Féval est condamné à trois ans et demi de prison pour trafic de stupéfiants.
26 novembre 1993 Le commissaire Jean-Marc Peyre est condamné à cinq ans de réclusion pour le vol de livres rares.

 

Michel Neyret, un grand flic passé de l’autre côté du miroir

LEMONDE | 30.09.11
Premières mises en examen dans l’affaire de corruption visant la police lyonnaise.
Michel neyret, le numéro deux de la police judiciare, est toujours en garde en vue. Sa femme a été présentée au juge d’instruction le 1er octobre

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Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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