Equateur – Réserve amazonienne : parc de Yasuni,  » réserve de la biosphère en danger  » en cas d’exploitation du pétrole

 Faute d’aide internationale, l’Equateur pourrait revenir sur sa promesse de ne pas exploiter l’or noir du parc de Yasuni

Pirogues indiennes sur la rivière Cononaco, dans le parc national de Yasuni, à l’est de l’Equateur. TEAKE ZUIDEMA/REA
Les sommes recueillies pour protéger la réserve amazonienne sont largement insuffisantes
Ne pas exploiter une réserve de pétrole pour éviter les émissions de gaz carbonique et protéger la biodiversité : ce projet lancé en septembre 2007 par l’Equateur, dans le cadre de la  » révolution citoyenne  » promise par le président de gauche Rafael Correa, a été soutenu, vendredi 23 septembre à New York, par Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. Cette initiative émane d’un pays dont l’économie repose toujours et en grande partie sur l’or noir, avec 500 000 barils produits par jour.
A New York, M. Correa a rappelé les termes de son projet : laisser inexploités près de 850 millions de barils de pétrole qui dorment sous le parc national de Yasuni, en forêt amazonienne, près de la frontière du Pérou. En 1989, ce territoire de 10 000 km2 a été déclaré  » réserve de biosphère «  par l’Unesco. L’abandon de ce trésor souterrain – 20 % des réserves pétrolières du pays – permettrait d’éviter l’émission de 400 millions de tonnes de CO2 et contribuerait à la préservation d’un grand nombre d’espèces d’arbres, d’animaux et d’insectes.
Pour y parvenir, le gouvernement équatorien a demandé son aide à la communauté internationale et l’appelle à verser la moitié des quelque 10 milliards de dollars (7,4 milliards d’euros) de recettes que générerait le pétrole s’il était exploité aujourd’hui.
L’initiative dite Yasuni a débouché, en 2010, sur un accord avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui a permis la création d’un fonds, géré par le PNUD et destiné à recueillir les contributions. En contrepartie de leurs versements, les donateurs reçoivent des crédits carbone enregistrés par le secrétariat de la Convention sur le climat. Les sommes recueillies par l’Equateur sont investies dans le développement des énergies renouvelables, le soutien aux populations locales et la protection des parcs naturels du pays qui possède aussi les îles Galapagos.
Si un autre gouvernement décidait d’exploiter le pétrole, le Fonds reverserait aux contributeurs les sommes versées.  » C’est un nouveau paradigme de développement, estime Bisrat Aklilu, responsable au PNUD de la gestion du fonds. L’Equateur ne demande pas seulement à la communauté internationale de l’aide, il est lui-même contributeur, en renonçant à des recettes importantes. « 
Les sommes recueillies ne sont pas à la hauteur des attentes. Le Chili, le Pérou et la Colombie ont versé chacun 100 000 dollars, la région Wallonie (Belgique) 300 000, l’Espagne 1 million. Même si l’Italie a signé, le 23 septembre, un engagement de 51 millions de dollars (par abandon de créances sur l’Equateur), on est encore loin du compte.
 Au mois d’août, le PNUD a ouvert aux particuliers la possibilité de participer au fonds à partir de 25 dollars par personne. Plusieurs centaines de milliers de dollars ont ainsi été engrangées. Le total se chiffre aujourd’hui à près de 55 millions de dollars. Mais si le seuil de 100 millions n’est pas atteint en décembre, le gouvernement équatorien sera en droit de reconsidérer son engagement et, éventuellement, d’exploiter son pétrole.
L’objectif de MM. Ban et Correa vise donc à relancer la dynamique. Outre l’adhésion de particuliers, il faut aussi compter sur celle des collectivités territoriales. En France, par exemple, a été créée le 20 septembre l’association Viva Yasuni, qui regroupe des villes, des départements et des régions intéressés par la démarche. Le département de Meurthe-et-Moselle a déjà voté une contribution de 40 000 euros, ainsi que la région Rhône-Alpes (150 000 euros), tandis que la communauté urbaine de Lille et la région Ile-de-France réfléchissent à une participation.
Un des buts de l’association est de pousser le gouvernement français à prendre position. La France n’a pas voulu jusqu’à présent contribuer au Fonds  » en raison du différend juridique qui n’est pas réglé entre l’Equateur et une compagnie pétrolière française « , indique-t-on au ministère des affaires étrangères. En 2009, Perenco, qui refusait de payer une augmentation des redevances décidée par le gouvernement de Quito, s’est en effet vu saisir les concessions qu’elle exploitait.
Hervé Kempf  © Le Monde édition abonnés du 25 septembre 2011

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