Sélection Nouvel Obs 17-10-2011 par Aurore Gorius Journaliste
Pourquoi François Hollande fait peur à Nicolas Sarkozy
LE PLUS. C’est officiel : François Hollande sera le candidat du Parti socialiste à la présidentielle de 2012. Le système de primaire n’a cessé d’être raillé par la droite. Pourtant, la candidature du président du conseil général de la Corrèze ne fait pas rire Nicolas Sarkozy. Loin de là.
Nicolas Sarkozy effrayé par le prétendant Hollande ? Il y a quelques mois encore, la perspective faisait sourire en coin. Pourtant, la semaine dernière déjà, le maire de Tulle, qualifié de « candidat du rien », concentrait toutes les attaques de la droite. Hier soir, la riposte battait son plein, orchestrée par l’Elysée. Oui, Nicolas Sarkozy prend le « cas » Hollande très au sérieux. Et pas seulement parce que sa majorité est finalement confortable, à l’issue de primaires réussies.

Nicolas Sarkozy et François Hollande en Corrèze le 28 avril 2011 (CHESNOT/SIPA).
François Hollande a plus que de simples éléments de langage (la définition du « rien » en politique ?) à offrir. Son engagement dans la campagne a été mûri pendant plusieurs mois de silence, en retrait de la vie politique, au lendemain du congrès de Reims perdu fin 2008. Martine Aubry, partie tardivement, a semblé manquer d’assurance, voire d’arguments, entre les deux tours, son agressivité sonnant comme un aveu de faiblesse. L’ancien Premier secrétaire, lui, s’était préparé à combattre DSK. Hollande est déterminé.
François Hollande calme : déroutant pour Nicolas Sarkozy
Sans aspérités toutefois : le candidat « normal » est un homme lisse. Il sait se maîtriser, ne répond pas forcément aux coups bas, fait peu d’erreurs. Ségolène Royal avait été plus maladroite en 2006. Ce n’est pas un sanguin, sa réflexion prime sur son instinct. Autrement dit une sorte d’OVNI politique pour Nicolas Sarkozy, adepte du rapport de force.
Insaisissable, Hollande est aussi énervant. Il sourit beaucoup et paraît le plus souvent de bonne humeur. Il n’a pas même l’air de vouloir vous séduire à tout prix. Ou de vous faire rentrer dans le rang pour la prochaine bataille contre l’ennemi juré. Comble du type agaçant, François Hollande a reçu le soutien de Jacques Chirac (avant que sa déclaration ne soit qualifiée de boutade par son entourage), l’homme que Nicolas Sarkozy a rallié, trahi, reconquis, et si longtemps rêvé de remplacer.
Le volontarisme sarkozyste mis à l’épreuve