La droite des perroquets et des perruches

Ruminances – 17 octobre 2011 – 

Paraît qu’à cause des Primaires, on n’entend plus la droite. Le problème est que ses ténors semblent tétanisés par ce scrutin à l’origine si méprisé dans leur camp. On allait voir ce qu’on allait voir, bande de burnes. Trois pelés et un tondu dans l’urne. Mais le succès électoral a dépassé même les espérances à gauche et la vague médiatique a tout emporté sur son passage, noyant les caciques de l’UMP, dans une logorrhée hargneuse et revancharde. Sur toutes les ondes, perroquets et perruches ne parlent plus que de cela… 

Il faut avouer qu’ils ne peuvent décemment pas mettre en exergue leur bilan, un des plus calamiteux de toute la Cinquième, tant sur le plan économique, social, sécuritaire que judiciaire. Le chômage et la misère quadrillent l’hexagone. Les services publics sont en jachère. L’hôpital se meurt. L’école prend feu. Les prisons explosent. La violence bat son plein et la justice peine à exercer son travail malgré (ou à cause d’) une corruption récurrente orchestrée en haut-lieu. La crise a bon dos et sert de paravent derrière lequel le staff au pouvoir s’abrite sans vergogne… 

En attendant une intervention de François Fillon ce soir au 20h de France 2 et une convention organisée dès demain par l’UMP (rien que cela) pour démolir le fraîchement désigné candidat PS, voici donc un rapide florilège des interventions aussi constructives qu’objectives de nos sympathiques psittaciformes. 

A tout saigneur, tout honneur, on commence par Jeff Copé, celui dont les dents raient le plancher des catacombes de Paname. « Sitôt la primaire achevée, haro sur le candidat désigné « . Et d’enchaîner sur François Hollande : « j’ai l’image de quelqu’un qui a beaucoup de mal à prendre des décisions difficiles ». On sent bien que les éléments de langage en vogue sont de tirer à bout portant sur la gauche molle comme disait Aubry en opposant à l’élu corrézien le dur de dur des durs des durs, l’auto-proclamé son altesse vénèrissime Nicolas Sarkozy.

 On enchaîne par l’aboyeuse Nadine Morano, curieux fruit d’une alliance entre Rastapopoulos pour sa largesse d’esprit et de Bianca Castafiore pour le timbre de ses vocalises. « Je constate aussi que les votants à cette primaire ont préféré l’inexpérience nationale et internationale d’un François Hollande à l’ancienne ministre et dame de fer des 35 heures, dont la France a eu tant de mal à se remettre« . Elle aurait presque une larme pour Titine, la super-Nana de Toul !  

On cite le ténébreux bordelais Alain Juppé, ancien repris de justesse et ministre des affaires étranges : « Ils ont mangé leur pain blanc. Il est temps de les aider à avoir une indigestion de pain noir« . On se remémore la métaphore boulangère d’une grande dame du temps jadis : « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! « . On se souvient qu’à l’époque, ce ne sont pas seulement des tartines qui furent tranchées. Gageons que l’ex-exilé canadien ne subira pas le même sort ! 

On surfe sur la si peu oratrice Valy Pécresse et son très récité « la « spirale de promesses démagogiques » de François Hollande. On oublie Daubresse, le sec gen adjoint de Copé-Collé, et son appris par coeur « capitaine expérimenté« . On constate qu’Hortefeux, trop occupé à sauver les siens, a eu l’insigne élégance de ne pas l’ouvrir et on garde en bouquet final cette saillie du nègre Guaino en hommage à son mentor chéri : « L’énergie du Président de la République est d’abord orientée vers les crises auxquelles nous sommes confrontés« .  

Et d’annoncer dans la foulée que sa majesté Futur Papa s’exprimera devant les français dans les semaines qui viennent, interviewé par deux plumitifs passe-plats, l’éternel Jean-Pierre Pernaut et le filandreux Yves Calvi. Un grand moment d’auto-satisfaction et de propagande en perspective !