La crise de l’Euro est aussi une crise existentielle

Ploutopia – 27 octobre 2011 –

La crise actuelle de l’Euro n’est pas seulement une crise financière. C’est aussi et surtout une crise existentielle qui trouve sa voie dans le consumérisme-productivisme. C’est grâce à l’apport des masses et à la démocratisation des biens de consommation que des flux énormes de capitaux ont pu être libérés : spéculations par des  fonds de pension ou de logement, assurances vie, prêt à toutes les sauces pour succomber aux sirènes de la propagande des dernières innovations technologiques: machine à pain ou à café, écran plat, GSM, iPad, iPod, iMac, iPhone, iKlaxonne (dans ma nouvelle Prius dernier cri), etc.

On ne peut pas chialer le matin parce qu’ArcelorMittal ferme la phase à chaud et danser le soir en faisant des photos avec son nouvel iQuelqueChose. On ne peut pas manifester contre la gestion bancaire alors qu’on est submergé de crédits et qu’on a des actions en bourse. On ne peut pas blâmer son employeur pour cause de restructuration et de licenciement tout en courant derrière le meilleur salaire et les plus bas prix. Le monde est tel qu’il est et on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Bien sûr nos dirigeants sont largement responsables des dérives financières. Bien sûr Lakshmi Mittal fait partie du Top 10 des plus grosses fortunes mondiales. Bien sûr l’Europe prendra les mesures nécessaires pour éviter l’implosion de l’ensemble. Mais sachons aussi nous rendre compte de nos propres incohérences. Ne tombons pas dans le piège du discours simpliste et dualiste d’une gauche complexée. Osons ! Osons acheter chez l’épicier du coin plutôt que chez carrefour. Osons diminuer le quantitatif pour le qualitatif. Osons réduire notre salaire pour un boulot plus gratifiant et épanouissant… Osons dire que nous ne voulons plus des chimères du monde consumériste où tout est beau, parfait, étudié au poil et à la virgule près.

La vie est belle mais elle est imprévisible. Nous aspirons à un long fleuve tranquille sans questions et sans soucis. Nous préférons la dépendance salariale à la confrontation au monde et à nous même. Nous préférons nous en remettre à d’autres que l’on pense meilleur que nous. Manifestons. Oui manifestons haut et fort contre les diktats financiers, les fraudes, les malversations et les injustices, mais surtout, restons lucide sur l’avenir! Selon la conception actuelle, il ne sera pas plus riche et prospère demain! Demain sera qualitatif, local et convivial. La décroissance n’est rien d’autre.

A nous de la choisir calmement et résolument. Mais comme l’histoire semble nous démontrer le contraire, puisque nous voulons le beurre et l’argent du beurre, nous passerons immanquablement par des frustrations, des grincements de dents et peut-être du sang.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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