Belgique – Enquête santé – Une première sur les soins : Un malade sur cinq ne se soigne pas

Le Soir.be jeudi 27 octobre 2011, 
Les soins belges sont performants, mais coûteux, selon l’auditeur Deloitte. La crise change les habitudes du patient, qui en vient à renoncer aux soins pour raisons financières. Par Ricardo Gutiérrez
Très satisfaits… Les consommateurs de soins sont ravis des performances du système belge de santé. Mais son coût contraint une majorité des patients à raboter les autres postes de dépense du ménage. C’est le constat que dresse une enquête réalisée par le cabinet d’audit Deloitte. Une première, en Belgique.
Deloitte a interrogé un échantillon de 1.000 personnes de plus de 18 ans, en Belgique, ainsi que 14.000 consommateurs de soins, dans onze autres pays. Objectif : évaluer la qualité du système de santé, mais aussi le comportement des patients, tout en permettant les comparaisons entre pays.
Les Belges sont les plus satisfaits. Sans surprise, la Belgique affiche le plus haut degré de satisfaction, devant la Suisse : invités à coter les performances du système de santé, 41 % des sondés lui ont attribué au moins une cote de 8/10, contre 23 % en Allemagne ou 33 % en France. Les patients belges interrogés sont encore plus ravis des services de leur médecin (75 % de satisfaction) et des soins hospitaliers dont ils ont bénéficié (68 % de satisfaits).
Ils font des économies pour se soigner. Revers de la médaille : si les soins sont jugés efficaces, leur coût devient difficile à assumer. Pour plus de six patients interrogés sur dix, les factures mensuelles de santé ne peuvent être acquittées qu’au prix de restrictions dans d’autres postes de dépense du ménage (le logement, l’alimentation, le carburant ou l’éducation).
Un sur cinq renonce à se rendre chez le médecin. Le report ou l’abstention de soins n’est pas un phénomène rare : 17 % des répondants déclarent avoir renoncé à consulter leur médecin alors qu’ils étaient malades ou accidentés, au cours de l’année écoulée. Dans près de quatre cas sur dix (39 %), c’est le coût des soins qui est invoqué… Au sein des 12 Etats pris en considération dans l’étude, la Belgique est, après les Etats-Unis, le pays où les patients s’abstiennent le plus souvent de soins pour raisons financières (voir notre infographie).
Ils demandent à se voir prescrire un générique. « Les consommateurs belges se rangent parmi les tout premiers en matière de consommation de médicaments délivrés sur prescription. Plus de la moitié d’entre eux consomment des médicaments sur ordonnance », précise Hans Debruyne, responsable santé chez Deloitte Belgique. Mais ils n’hésitent pas à demander à leur médecin de leur prescrire un médicament générique « pour faire des économies ». Ils sont 42 % à le déclarer, soit deux fois plus qu’en France et cinq fois plus qu’en Allemagne.
Ils changent plus souvent de médecin. Le consommateur belge de soins n’hésite plus non plus à changer de médecin, quand il estime payer trop cher. Plus d’un médecin sur cinq, chez nous, n’est pas conventionné et peut donc pratiquer des tarifs supérieurs à la norme. Ces professionnels s’exposent à l’érosion de leur « patientèle ». La Belgique est en effet le pays européen, dans le panel retenu par Deloitte, qui compte le plus de patients « infidèles » : 13 % affirment avoir changé de médecin dans l’année (contre à peine 1 % en Allemagne, 3 % au Royaume-Uni, 5 % en Suisse…).
Ils rejettent l’hypothèse de nouvelles privatisations. « Les Belges sont contents de leur système de soins de santé et ne sont pas partisans de l’introduction de changements majeurs, comme de nouvelles privatisations », relève Hans Debruyne. Si plus d’un patient sur cinq table sur la privatisation pour améliorer le système, au Canada, au Brésil ou aux Etats-Unis, ils sont deux fois moins nombreux (11 % à 12 %) à partager cette conviction en Belgique, en France ou en Suisse. Les répondants belges privilégient d’autres pistes d’économie, à commencer par la suppression de la « paperasserie inutile » (revendiquée par 45 % des répondants). Ils sont, par ailleurs, les premiers, dans le panel des Etats étudiés, à dénoncer le coût de l’acharnement thérapeutique et des soins inutiles prodigués aux patients en fin de vie (point de vue partagé par un tiers des sondés).
Ils consomment davantage d’examens d’imagerie médicale. L’enquête de Deloitte s’intéresse aussi aux soins préventifs effectués, au cours de l’année écoulée (voir notre infographie). En Belgique, près de six personnes sur dix effectuent au moins une visite de contrôle annuelle chez leur médecin : c’est plus qu’en Suisse (49 %), mais moins qu’en Allemagne (77 %) ou qu’au Luxembourg (65 %). Le Royaume se distingue surtout par son taux particulièrement élevé de participation aux dépistages et aux examens d’imagerie médicale (résonance magnétique, scanners, radiographies, mammographies) : 43 % y recourent, annuellement, contre 27 % à peine au Royaume-Uni ou 28 % en Suisse.
 

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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