80 milliards de dollars passent chaque jour en Suisse

Siné Mensuel  N°3  Novembre 2011  
Les grecs auraient planqué autour de 200 milliards d’euros rien qu’en Suisse. Mais curieusement, ni l’Europe, ni le G20 n’attaquent les paradis fiscaux.
Il y aurait une solution plus rapide pour remettre «’économie grecque sur les rails ; celle de faire enfin payer l’Eglise et les armateurs. L’autre solution consisterait à faire rapatrier l’argent planqué dans les paradis fiscaux et, notamment, en Suisse. Le ministère grec des Finances estime que l’évasion fiscale représente 30% du produit intérieur brut (PIB) et que les coffres de la confédération helvétique cajoleraient 280 milliards d’euros venus d’Athènes ou de Patras. En octobre, le Financial Times Deutschland avançait le chiffre plus modeste de 165 milliards. Mais tout de même, ça permettrait d’éponger une bonne partie de la dette grecque.
Certes, la Suisse tient toujours la tête du top 15 des paradis fiscaux « les plus nocifs ». Mais elle est talonnée par les îles Caïmans, le Luxembourg et Hongkong. Pourtant, en 2009, les plus grandes puissances de la planète annonçaient la mort des paradis fiscaux. Nicolas Sarkozy était le plus remonté contre ces trous noirs de la finance. Il menaçait de renoncer à son trône de co-prince d’Andorre et de ne plus saluer le prince de Monaco dans les cocktails. « Le secret bancaire Suisse, c’est fini ! », ricanait-il. Et puis, pouf, plus rien. Le G20, réuni à Cannes les 3 et 4 novembre, oublie que l’opacité financière est l’un des grands responsables de la crise. Quand une multinationale peut installer sa direction financière dans les îles Vierges britanniques, ses réseaux de distribution à Jersey, ses assurances à l’île de Man et l’usage de sa marque au Liechtenstein, à la fin de l’année, elle peut montrer ses fesses au fisc. Elle ne paie pas un centime d’impôt.
Sortir de la liste noire des paradis fiscaux est un jeu d’enfant. Il suffit de dire qu’on ne recommencera plus. Et ensuite de signer douze conventions de double imposition avec d’autres pays. Monaco a donc signé avec le Liechtenstein, le Luxembourg, Saint-Marin, les Bahamas, et  le Groenland… Quant aux banques suisses, ils n’en peuvent plus : ils ne savent même plus quoi faire de l’argent qui leur pleut sur la tête. Il est vari que cette manne ne provient pas que de la fraude fiscale. Mais aussi de la très mauvaise santé du dollar et de l’euro. Les milieux financiers genevois estiment que chaque jour, l’équivalent de 80 milliards de dollars font l’objet d’une transaction entre l’euro et le franc suisse. Si la Suisse n’a toujours pas  de pétrole, elle dispose de la matière première le plus recherchée … l’argent.
 Il faut lire l’excellent dossier réalisé par l’ONG CCFD Terre solidaire, baptisé ironiquement « Aidons l’argent à quitter les paradis fiscaux ». Il explique plus l’argent est détourné, moins il se construit d’écoles, d’hôpitaux, d’exploitations agricoles dans les pays pauvres. On pourrait ajouter : et plus les queues s’allongent devant les Restos du cœur dans les ex-pays riches.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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