Végétariens, le combat ne fait que commencer

France Info – 7 novembre – jean-Mathieu Pernin

les végétariens ne décolèrent pas suite à un décret du ministère de l’agriculture sur les repas dans les cantines scolaires. Une preuve de plus de la difficulté des végétariens de se faire entendre dans notre pays.

C’est donc la rigueur ! On va se serrer la ceinture au point, peut être un jour, de la manger cette fameuse ceinture. Du cuir en pot-au-feu ! Vu que l’on aura moins d’argent pour se payer de la viande, la rigueur permettra-t-elle aux végétariens de se faire entendre davantage ?

L’heure pour les militants de la carotte et du haricot de lancer des fanes à la figure de la société a-t-elle sonné ? C’est fort possible quand on voit la mobilisation du petit monde des végétariens, végétaliens et végan autour du décret du ministère de l’Agriculture 2011/1277. Un décret et un arrêté qui s’attardent sur  l’équilibre des repas dans les cantines scolaires : moins de sel, moins de sucre et des sources de protéines d’origine animale, viande ou poisson. Pour les rebelles du tofu, c’est un acte de guerre puisqu’aucune autre alternative n’est possible. Sébastien Arsac, pour l’initiative citoyenne des droits des végétariens : «Il y a des enfants qui sont végétariens, végétaliens, il y a des familles qui veulent que leurs enfants ne mangent pas d’animaux par exemple. Il y en a d’autres pour condition religieuse etc… Le repas végétarien est un repas républicain. Tout le monde peut manger végétarien aujourd’hui. Le résultat après ce décret, c’est que ces enfants là ne vont pas pouvoir manger équilibré, un repas qui convient à leurs besoins. Alors, on est d’accord pour que ces repas soient de meilleure qualité, soient bon pour la santé, etc.. Mais là en fait c’est l’effet inverse. On se retrouve dans l’illégalité. Aujourd’hui, avec ce décret, on interdit la solidarité à la cantine. »

Etre végétarien, c’est exclure la chair animale de son menu, végétalien c’est ne pas manger d’animaux et leurs productions naturelle comme le lait et les œufs, et végan c’est s’attarder davantage sur la lutte contre la cruauté faite aux animaux. Au pays du steak frites  et de l’andouillette, être végétarien, c’est un peu comme arriver sur une plage naturiste tout habillé. On se demande bien ce que vous fichez là. Très populaires dans le monde anglo-saxon, à Hollywood les stars végétariennes sont légion. La France est encore à la traine. La plupart des associations dénoncent les élevages en batterie et le poids des industries agroalimentaires face à la faiblesse des partis politiques. Bref, la cantine du Parlement aime le saignant et ce n’est pas près de changer.

«On à l’impression aujourd’hui en France, être végétarien, c’est s’exposer à être mort le lendemain. Dans les autres pays européens, on arrive à près de 10% de végétariens, en Angleterre, etc.. Donc, c’est un problème économique, c’est un problème politique, parce que la France est le premier pays d’élevage au niveau européen. C’est quelque part une position complètement idéologique de défendre  cette surconsommation de produits animaux. Aujourd’hui, c’est un gros problème pour nous de pouvoir faire juste entendre la raison sur ce sujet là.

Les végétariens et végétaliens seraient près d’un million en France. Le combat du repas d’un animal n’est pas nouveau mais il se fait de plus en plus intense dans le sud de l’Europe aux habitudes alimentaires ancestrales et souvent pro-viande. Internet est un haut-parleur pour la cause et cette mobilisation contre le décret gouvernemental a permis à de nombreuses associations souvent isolées de combattre ensemble. Etre végétarien ça devient tendance, même dans l’hexagone et ça ne fait que commencer. « On a des livres comme celui de Jonathan Safran Foer  qui est devenu un best-seller  cette année des deux côtés de l’Atlantique – Faut-il manger des animaux ? – On voit que l’auteur  est devenu végétarien après avoir fait des enquêtes dans les élevages etc.. C’est quelque chose qui arrive très fort, car aujourd’hui, c’est un fait scientifique : on peut se nourrir végétarien, végétalien sans manger de produits animaux. Et donc il y en a qui ont choisi ce régime là en toute conscience, en réflexion sur l’environnement et sur la question animale. C’est quelque chose qui va monter, c’est certain… »