Japon – Psychose : La peur des radiations au coin de la rue

Japon: combien de microsieverts ? « Quelqu’un sait-il si le niveau de radioactivité est élevé près de la gare de Shingoshigaya ? Mes parents habitent à côté… » La détection récente de zones à fortes radioactivité dans plusieurs villes du Japon entraîne une psychose qui force les autorités nippones à réagir.
Contrôle de radioactivité de salariés de la centrale de Fukushima dans un centre servant de base pour les employés mobilisés pour travailler sur les réacteurs endommagés le 11 novembre 2011
Depuis l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima déclenché le 11 mars par le séisme et le tsunami qui ont ravagé le nord-est de l’archipel, des particules radioactives se sont dispersées dans la région, avec des concentrations très variables.
En certains endroits pourtant éloignés de dizaines de kilomètres du site, elle atteint plusieurs microsieverts ou dizaines de microsieverts par heure, contre moins de 0,20 en temps normal.
« Le vent et la pluie ont transporté les éléments radioactifs. Cela dépend des lieux où les précipitations sont tombées. Des endroits relativement proches ont été épargnés et d’autres contaminés bien que très distants de la centrale », explique le professeur Tatsuhiko Kodama, spécialiste des effets de la radioactivité.
Alors que les mesures terrestres et aériennes effectuées par les autorités montrent les grandes zones de contamination, elles ne révèlent pas des « points chauds » extrêmement localisés, lesquels ont généralement été décelés par des particuliers.
De plus en plus de Japonais se dotent en effet de dosimètres (compteurs Geiger), grâce au développement de modèles simples à bas prix. « La précision des petits appareils de poche est sujette à caution pour les faibles niveaux, mais ils permettent néanmoins de repérer des lieux où les niveaux sont anormalement élevés », explique Tomohisa Kume, chercheur d’Idea Consultant, société mandatée par des entreprises et municipalités pour effectuer des contrôles.
« Le fait que les citoyens aient eux-mêmes découvert des points chauds nous a conduits à décider de mesurer la radioactivité dans les parcs afin de rassurer les habitants », confirme So Kasahara, responsable des lieux de verdure de l’arrondissement de Setagaya à Tokyo.
Accompagnant deux techniciens munis d’un dosimètre de grande précision, il a lancé en octobre une campagne portant sur 258 jardins municipaux. Dans chacun d’eux sont passés au crible les bacs à sable où s’amusent les enfants ainsi que quelques points à proximité d’arbres, à des hauteurs de 5 centimètres, 50 cm et 1 mètre.
« Nous avons déjà vérifié 60% des lieux prévus et aucun ne présente une radioactivité de plus de 0,23 microsievert par heure, ce qui signifie que la limite légale en temps normale (1 millisievert par an) n’est pas atteinte », assure M. Kasahara.
« Je n’étais pas au courant, mais cela me rassure de savoir que cet endroit n’est pas dangereux pour mon fils », se réjouit une mère du quartier, Noriko Odajima.
Les résultats sont présentés sur le site internet de l’arrondissement le lendemain de chaque journée de mesures.
La mairie de Setagaya a été plus que tout autre poussée à prendre des dispositions particulières, après avoir fait la une des journaux nationaux à cause de la détection de points présentant une radioactivité ahurissante, de plus de 100 voire 150 microsieverts par heure.
Au grand soulagement des autorités locales et nationales, elle était due à des fioles de radium 226 abandonnées sous le plancher d’une maison ou enterrée sous l’asphalte depuis des années. Cette substance était autrefois utilisée pour la fabrication de peintures phosphorescentes ou autres produits chimiques.
A Kashiwa, dans la préfecture voisine de Chiba, à quelque 200 km de Fukushima, les près de 60 microsieverts par heure détectés en un lieu très cerné étaient quant à eux bien dus à des rejets du complexe atomique.
Cette extrême hétérogénéité de la dispersion de césium 134 et 137, comme la difficulté de localiser tous les points fortement radioactifs, est un des facteurs d’angoisse s’ajoutant à celui du risque d’absorption de nourriture contaminée, puisqu’il est techniquement impossible de la contrôler en intégralité.
 TV5MONDE TOKYO (AFP) – 16.11.2011 © 2011 AFP
 

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
Cet article, publié dans Energie, International, Santé, est tagué , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.