Portrait – Guillaume Peltier, le nouveau chouchou de l’UMP
Sans être élu, G. Peltier était au lancement de l’association des élus régionaux de France par l’UMP, à Paris le 5 octobre
A 35 ans, cet ancien partisan de Jean-Marie Le Pen et de Philippe de Villiers inspire de nombreux ministres et membres de l’UMP. Pédagogue positif, « propre sur lui », il est omniprésent mais commence à agacer.

Guillaume Peltier, à l’époque où il était porte-parole du Mouvement pour la France lors de la campagne présidentielle de 2007 dePhilippe de Villiers. AFP/JACK GUEZ
Il est devenu la coqueluche de la droite. Les députés UMP se l’arrachent, les ministres en raffolent. Guillaume Peltier, 35 ans et un CV déjà chargé (ancien militant du Front national, ex-bras droit de Philippe de Villiers), est partout. Dans la « cellule riposte » de l’UMP, au sein du « groupe Fourtou », qui rassemble les soutiens influents du président, aux côtés de la Droite populaire comme de la droite humaniste. Il conseille aussi bien Jean-François Copé, Brice Hortefeux, que les ministres Laurent Wauquiez, Nathalie Kosciusko-Morizet, Maurice Leroy ou Xavier Bertrand.
Son travail : décrypter l’opinion publique, comme son mentor Patrick Buisson le fait pour Nicolas Sarkozy. Et dénicher des slogans contre le candidat socialiste que l’on retrouve, au gré des antennes de radio et des plateaux de télévision, dans la bouche des dirigeants de la majorité. « La France de Hollande, c’est la Grèce d’aujourd’hui », c’est lui. « Hollande est en haut du toboggan. Il vaut mieux être en bas de l’escalier », c’est encore lui. « Hollande, plus il est candidat, moins il est président », c’est toujours lui. « J’ai le sens de la formule », constate-t-il en toute immodestie.
« PROFITEURS DU BAS »
Guillaume Peltier peut se targuer d’être à l’origine de nombreux concepts repris au plus haut sommet de l’Etat. Il est l’inventeur de la thématique des « profiteurs du haut et des profiteurs du bas », adoptée par la Droite populaire comme par Laurent Wauquiez. Il a soumis l’idée de favoriser ceux qui travaillent pour l’accès aux logements sociaux au même Laurent Wauquiez et est à l’origine de l’idée de lutte contre les fraudes, lancée par Xavier Bertrand et formalisée mardi 15 novembre par Nicolas Sarkozy lors d’un discours à Bordeaux.
Guillaume Peltier n’est pas peu fier de son influence. Et travaille dur pour la maintenir. Toutes les semaines, il réunit une trentaine de députés pour analyser avec eux les sondages qualitatifs. Tous les trois jours, il se rend dans un département français pour un meeting de 300 à 400 personnes où il prend le pouls des militants UMP pour faire remonter son ressenti du terrain à Paris. Sans compter ses multiples rendez-vous avec les ministres et les sous-tendances de l’UMP. Le week-end, il fait les cages d’escalier à Tours où est basée son entreprise Com 1 +, et où il brigue l’ancienne circonscription de Renaud Donnedieu de Vabres pour les législatives de 2012.
LE FN À 15 ANS
Dans ce café proche de l’Assemblée nationale, il arrive essoufflé, mais impeccablement mis, chemise blanche à carreaux et blazer foncé, la main enserrant un téléphone qui n’arrête pas de sonner. « Je suis au service de la réélection du président de la République », s’enthousiasme-t-il. C’est pourtant après moult circonvolutions politiques que Guillaume Peltier est arrivé dans le giron présidentiel. Fils de « baba cool, anti-droite bourgeoise, très heureux de l’élection de François Mitterrand en 1981 », il adhère à 15 ans au Front national de la jeunesse avant de rejoindre les rangs du MNR de Bruno Mégret. Une aventure qu’il minimise aujourd’hui. « C’était une sorte de crise d’adolescence politique. J’ai été frappé par le discours de Jean-Marie Le Pen sur la France, avant de me rendre compte que les solutions qu’il proposait étaient une impasse », explique-t-il.
En 2001, il rencontre Philippe de Villiers. Le souverainiste l’« épate ». Déjà, il sert de boîte à idées. Il revendique ainsi la paternité de la métaphore du plombier polonais pour illustrer la directive Bolkestein lors du référendum de 2005. Ses années passées à l’extrême droite laissent des traces. Comme Philippe de Villiers n’aime pas aller sur les plateaux de télévision, il envoie son bras droit fustiger le pacs, l’abolition de la peine de mort, l’« islamisation de la France ». « On a été les premiers à parler de la burqa en 2006, des minarets, de la polygamie », se félicite-t-il.
« IL NE FAIT PAS PEUR AUX PETITS ENFANTS »
Cette année-là, il croise Brice Hortefeux, dans une émission de Serge Moati. L’ami du futur président se penche à son oreille : « Tu es un bon client pour les médias. Rejoins-nous à l’UMP, tu y seras mieux. » En 2009, Guillaume Peltier saute le pas et adhère au parti majoritaire. Il s’y rend vite utile, aide Jean-François Copé à écrire son livre Un député, ça compte énormément ! (Albin Michel), en lui soufflant des formules comme « l’hyper-Parlement » ou la « Ve République bis ».
Son succès, Guillaume Peltier le doit à ses qualités de pédagogue, qu’il attribue à ses années passées à enseigner l’histoire. « Il est clair, imaginatif », constate Brice Hortefeux. « Il vous rend intelligent. Il fait comprendre des choses jusque-là un peu floues et donne une cohérence à l’ensemble« , ajoute Thierry Mariani, ministre des transports, qui a fondé avec le député Lionnel Luca et Guillaume Peltier la Droite populaire.
Avec lui, les gens de droite se sentent à leur aise. « Il change d’un certain nombre de professionnels de la communication », ajoute Thierry Mariani, qui le considère désormais comme un « ami ». « Ses origines font qu’il est plus près de nos idées que d’autres. Il peut travailler pour la droite humaniste mais pas pour la gauche de Mélenchon. »
Autre atout apprécié par ses clients, l’optimisme juvénile du conseiller. « Il est sympathique, propre sur lui. Il ne fait pas peur aux petits enfants, comme Buisson », note un membre de la cellule riposte. « Sa force est que, même quand ça va très mal, il va toujours trouver une enquête réconfortante. Il est positif. Quelqu’un qui rencontre Peltier en ressort toujours de bonne humeur, analyse Brice Hortefeux. Il va voir les députés. Ceux qui pensaient perdre en repartent convaincus qu’ils peuvent gagner. » La dernière trouvaille en date de l’expert en sondages est de répéter partout où il va que le bilan de Nicolas Sarkozy sur la loi sur la burqa ou même la réforme des retraites est plébiscité par les Français. De quoi revigorer les plus pessimistes.
L’ascension de Guillaume Peltier ne plaît pas à tout le monde au sein d’un parti majoritaire où l’émergence de nouvelles têtes est surveillée de près. « Il s’est trop exposé, il s’est survendu », s’agace un député. « Il aime bien se donner plus d’importance qu’il n’en a, s’irrite un ministre. C’est quelqu’un qui trouve des formules, qui décrypte des tendances, mais il n’est pas vraiment dans les idées. » « Il a du talent, mais à force d’être partout, il risque d’être soumis à un grand écart », note un cadre de l’UMP. Brice Hortefeux avait proposé à Guillaume Peltier de lui faire rencontrer le président. Rendez-vous a été pris, mais un tir de barrage des conseillers habituels de l’Elysée a fait capoter la rencontre. Peltier en sourit : « Ce sera pour une prochaine fois. »
Vanessa Schneider
WordPress:
J’aime chargement…
Sur le même thème
A propos kozett
Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience :
--> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle.
--> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées.
Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité …
A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !