Huit Français sur dix estiment que la société française est « plutôt injuste », une proportion qui augmente depuis 2007.

Observatoire des inégalités – 22 novembre 2011
78 % des Français estiment que la société française est « plutôt injuste », selon l’enquête du ministère de la santé réalisée par l’institut BVA entre octobre et novembre 2010 auprès de 4 008 personnes, soit dix points de plus qu’en 2000. Les Français sont de plus en plus nombreux à penser que les inégalités augmentent : 87 % pensent qu’elles ont augmenté par le passé, soit 18 points de plus qu’en 2000, et 84 % qu’elles vont se creuser dans le futur, soit 19 points de plus qu’en 2000. On retrouve un mouvement semblable dans l’enquête menée chaque année par le Crédoc : la part de ceux qui estiment que « les plus favorisés sont de plus en plus favorisés » s’est accrue de 80 à 86 % entre 2001 et 2011, après avoir baissé de huit points entre 1995 et 2001.
Les inégalités de revenus restent celles qui sont perçues comme « les plus répandues » (64 %), même si ce taux a légèrement baissé par rapport à celui de 2000 (67 %). Les inégalités liées au logement arrivent bien après avec 34 %. Les personnes sondées estiment de plus en plus souvent que les inégalités d’accès aux soins sont plus répandues (24 % en 2010 contre 16 % en 2000). Un sentiment probablement lié aux politiques de déremboursements de médicaments ces dernières années.
Parmi les inégalités considérées comme « les moins acceptables », celles liées à l’accès au logement, aux soins et aux revenus arrivent en tête, presque à égalité. En revanche, les inégalités liées aux « études scolaires » (15 %) ou à « l’héritage familial » (6 %) sont peu souvent jugées comme les moins acceptables.
Quels enseignements ?
Même si le travail réalisé par le ministère de la santé et celui du Crédoc sont plus sérieux que d’autres, il faut considérer ces données – comme les sondages en général – avec beaucoup de précautions (voir encadré ci-dessous). L’ampleur de l’évolution de l’opinion au cours des dix dernières années indique certes une préoccupation croissante, liée en partie à une situation sociale aggravée. Pour autant, le fait que les inégalités heurtent l’opinion publique française [Comme d’autres pays riches, voir l’exemple américain], ne signifie pas nécessairement qu’elles soient plus importantes. « Quand l’inégalité est la loi commune d’une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l’œil ; quand tout est à peu près de niveau, les moindres le blessent. C’est pour cela que le désir de l’égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l’égalité est plus grande » écrivait Alexis de Tocqueville. Plus les populations sont proches, plus elles se comparent et peuvent remettre en cause les écarts. Dans une société de castes, on ne s’inquiète pas des inégalités.
Le sentiment que les inégalités sont très répandues ne signifie pas qu’une politique qui vise à plus de justice soit nécessairement populaire. En matière d’inégalités, sauf à appartenir à une minorité très aisée, on peut toujours trouver mieux loti que soi et souhaiter une redistribution des richesses dont on pourrait profiter… Une politique de réduction des inégalités doit convaincre une majorité. Or les catégories les plus favorisées disposent d’un poids bien supérieur dans le débat public et contribuent à l’orienter…

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