Sarkozy et la fraude : halte au récidiviste !

Siné Hebdo – décembre 2011- Pierre Concialdi
Alors que depuis 2008, on assiste au plus grand hold-up du siècle, le (non) candidat Sarkozy vient d’ouvrir la chasse aux petits fraudeurs de la Sécu. Faire peur aux pauvres en les menaçant de les priver d’allocs, c’est plus facile que de mettre au pas les caïds de la finance.
Haro sur les pauvres et les fraudeurs à la petite semaine ! C’est le cri de guerre de notre Zébulon en campagne. Il faut bien faire un peu de bruit pour tenter de faire oublier un bilan social désastreux et une impuissance consommée à lutter contre les paradis fiscaux et leurs nébuleuses mafieuses. Le thème n’est pas nouveau. Sarkozy l’avait déjà entonné dès le début de son quinquennat dans une lettre de mission envoyée en octobre 2007 au ministre chargé des comptes publics, Eric Woerth. On y parlait de fraude fiscale et de travail illégal. Mais la fraude aux prestations sociales était déjà prioritaire : « Le chantier de la lutte contre la fraude aux prestations est celui pour lesquels les efforts les plus importants sont à mener. » La feuille de route était claire.
Bilan ? Pas de bilan. Il aurait de toute façon été négligeable pour les finances publiques. La fraude aux prestations sociales ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan des fraudes et des délinquances : au plus, environ 2 à 3 milliards d’euros selon la Cour des comptes, soit moins de 1% des dépenses sociales. Un taux ridicule. Surtout en comparaison de la fraude aux cotisations sociales dues par les employeurs, six à sept fois plus importante (entre 15 et 17 milliards d’euros). Sans parler de la fraude fiscale – elle aussi massivement le fait des entreprises – chiffrée entre 20 et 25 milliards par le Conseil des prélèvements obligatoires. Pour faire des économies, lutter contre la délinquance en col blanc est bien plus urgent et « profitable » que de courser les voleurs de pommes.
En visant les resquilleurs de la Sécu, Sarkozy pratique aussi une morale à sens unique. Car une proportion importante de personnes qui ont droit à des prestations sociales ne les touchent pas, pour différentes raisons (manque d’information, complexité, crainte d’être stigmatisé). Ce phénomène de « non-recours » est étudié depuis longtemps dans les pays anglo-saxons où il n’est pas rare d’observer que 20 à 30% des allocataires ne bénéficient pas des prestations qui leurs sont dues. En France, les évaluations sont plus rares. Elles situent ce pourcentage entre 10 et 20 % selon  le type d’allocation. Pour le complément de RSA qui devait soutenir les travailleurs pauvres, cette proportion atteint 70%… Bref, l’application effective et intégrale du droit aux prestations sociales ne ferait certainement pas faire des économies à l’Etat.
La rengaine est bien connue : mettre la France au travail forcé
La charge de notre papa flic est donc purement idéologique. Ce n’est qu’un prétexte pour donner un nouveau tour de vis social, comme le montrent les mesures prises sur le rabotage des indemnités journalières pour faire à toute force des économies. Avec l’institution d’une obligation de  travail pour les chômeurs les plus pauvres qui sont au RSA, il s’agit aussi de stigmatiser encore bien davantage les bénéficiaires de prestations sociales et de les apeurer. Car s’ils ne resquillent pas, ils risquent vite de sombrer dans l’assistanat, la rengaine est bien connue. Moralité : il faut mettre la France qui au-dessous de ses besoins au travail forcé. Le costume de campagne est bien taillé : c’est celui d’un président protecteur… des riches. L’individu est dangereux. En mai prochain, gare à la récidive !

A propos werdna01

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