Les tarifs de GDF sentent le gaz

Le Canard Enchaîné – mercredi 7 décembre 2011 – H.M.
Depuis des années, GDF a eu la main un peu lourde à chaque augmentation du prix du gaz. C’est ce qui ressort d’un récent rapport de la Commission de la régulation de l’énergie publié le 24 octobre. Celle-ci propose de changer radicalement la formule tarifaire de gaz fixée par la loi.
Cette formule, longtemps tenue secrète a été élaborée sur la base des contrats à long terme que GDF Suez a signé avec ses fournisseurs (Algérie, Norvège, Russie, etc.) et qui sont indexés sur le prix du pétrole. Lequel a augmenté de 25% depuis un an. Mais le groupe achète près du quart de son gaz sur les marchés libres, « au jour le jour », à des tarifs bien moins élevés. Conclusion : le calcul est biaisé, et le prix public surévalué.
Une révélation qui tombe à pic après l’Arrêt du Conseil d’Etat déclarant illégal le gel du prix du gaz décidé en avril dernier, par Fillon. Craignant la mauvaise humeur électorale des quelques 11 millions d’abonnés qui avaient du supporter 21% de hausse en 1 an, le Premier ministre a décrété un gel des tarifs « pour l’année à venir …». C’est-à-dire, fort opportunément, jusqu’à la présidentielle de 2012. «Illégal », vient de trancher le Conseil d’Etat. Lequel, dans un arrêt daté du 28 novembre, estime qu’un ministre n’a pas le pouvoir « de suspendre la formule tarifaire ». Et donne jusqu’au 28 décembre à Bercy pour revoir sa copie.
Du coup, les services du ministère de l’Industrie, Eric Besson, se sont mis à phosphorer. Ils envisagent de rallier la position de la Commission de régulation de l’énergie, qui propose de prendre pleinement en compte, dans la formule magique, l’approvisionnement à prix cassé. Selon les services de Besson, avec la nouvelle formule, la hausse ne serait plus que de 5% au lieu de 10% auparavant. Toujours ça de pris… Et, finalement, c’est une augmentation de 4% qui serait retenue par Matignon.
On comprend mieux, aussi, cette seconde révélation du rapport de la Commission : les fameux « tarifs réglementés » ne protègent pas tant que ça les consommateurs. Ainsi, avant impôts et taxes (perçus par l’Etat), le prix du gaz français est parmi les plus élevés de l’Union Européenne (à la sixième place). En clair : 21 pays proposent leur gaz à un prix inférieur au « tarif réglementé » français.
Voilà qui relativise singulièrement les jérémiades de GDF Suez malgré les 4,6 milliards de bénefs en 2010.

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