Roman noir pour la police avec trois de ses chefs policiers mis en examen
Ce fut un mauvais polar. Noir. Avec tous ses ingrédients: moeurs, indicateurs, « basse police ». En 2011 trois policiers de haut rang, dont le patron du renseignement, ont été mis en cause dans trois affaires sans rapport les unes avec les autres qui ont suscité un véritable malaise.
Ce pourrait être une devinette: qu’ont en commun Michel Neyret, ancien No2 de la police judiciaire (PJ) de Lyon, Jean-Christophe Lagarde, ancien chef de la Sûreté départementale du Nord et Bernard Squarcini, actuel directeur du renseignement intérieur (DCRI) ?
Réponse: une mise en examen le même mois d’octobre, fait rare dans les annales s’agissant de hauts fonctionnaires, commissaires pour les deux premiers, préfet, ancien commissaire et limier des ex-Renseignements généraux (RG) pour le dernier.
Ce pourrait aussi être une charade. Le premier, Neyret, qualifié de « grand flic à l’ancienne » par ses collègues, est incarcéré depuis le 3 octobre pour « corruption » et « trafic d’influence » pour ses liens avec le milieu et ses indicateurs sur fond de stupéfiants.
Il est malgré lui l’un des héros du film « Les Lyonnais », sorti le 30 novembre, de l’ancien flic Olivier Marchal inspiré de l’histoire du « gang » du même nom, célèbre dans les années 1970 pour ses braquages, et du personnage haut en couleurs de Neyret. L’un des « tontons » (indicateurs) de celui-ci, écroué dans ce dossier, y joue un petit rôle.
Le deuxième, Lagarde, lui aussi qualifié de « grand flic », a été mis en examen le 21 octobre, sous contrôle judiciaire, dans la retentissante affaire de proxénétisme hôtelier de Lille, soupçonné d’avoir participé à la mise en relation de prostituées avec Dominique Strauss-Kahn pour des parties fines.
Affaire qui a aussi attiré des ennuis à son patron Jean-Claude Menault, chef de la police du Nord, entendu peu après par le juge sans être mis en examen.
Le troisième, le préfet Squarcini, considéré comme un « as du renseignement », très haut fonctionnaire proche de Nicolas Sarkozy, a été mis en examen le 17 octobre. Il a admis, devant la justice, avoir cherché à identifier la source d’un journaliste du Monde enquêtant sur l’affaire Bettencourt par l’analyse de ses factures téléphoniques détaillées (« fadettes ») .
Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale (DGPN), un autre très « grand flic » proche du chef de l’Etat, a été entendu par la suite dans ce dossier d’espionnite sans mise en examen.
Le tout a suscité une volée de bois vert de la gauche et un véritable malaise dans la police relayé par ses puissants syndicats qui ont fait part de leur « tristesse », appelant à « ne pas tout mélanger ».
Le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, pour sa part a dû donner de la voix, promettant un grand nettoyage dans la déontologie policière, défendant avec ardeur le « sens de l’Etat » de MM. Squarcini et Péchenard, cibles de la gauche.
« La police est effectivement secouée par (ces) affaires », a confirmé à l’AFP Claude Cancès, qui a dirigé la PJ parisienne, le Quai des Orfèvres, et vient de publier avec Charles Diaz un bel ouvrage sur elle (« Histoire du 36 illustrée » – Editions Jacob-Duvernet).
« Elle a traversé et surmonté dans le passé des périodes difficiles » dit-il. « Les flics que je rencontre me disent tous aimer leur métier » et être plus « préoccupés » par « le comportement de plus en plus dangereux des jeunes voyous, la drogue » ou encore la « complexité des procédures » actuelles.
« Neyret, je l’ai bien connu », dit aussi Cancès, « c’était un chef charismatique, passionné, je ne comprends pas ». Il devra « dire comment il a pu franchir la ligne jaune ».
TV5MONDE PARIS (AFP) – 17.12.2011 © 2011 AFP
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