Mondialisation.ca – 3 janvier 2012 –
« Les spéculateurs qui ont ruiné les économies occidentales par appât du gain et avidité folle devraient être traduits devant un tribunal de Nuremberg pour crime contre l’humanité, » estime J. Ziegler.
Les marchés financiers et les speculateurs ont une part de responsabilité importante dans la mort de 36 millions depersonnes chaque année à cause de la malnutrition, estime Jean Ziegler, vice-président du comité consultatif du conseil des droits de l’homme des Nations unies et ancien rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation.
Toutes les cinq secondes un enfant de moins de dix ans meurt de faim, tandis que des dizaines de millions d’autres souffrent de la sous-alimentation et de ses terribles séquelles physiques et psychologiques. Et pourtant, l’agriculture mondiale d’aujourd’hui serait en mesure de nourrir près du double de la population mondiale, observe Jean Ziegler. Or, la spéculation et la mainmise des multinationales sur les matières premières créent une pénurie.
À cause de la crise financière, les ressources du Programme alimentaire mondial (PAM) ont diminué de moitié, alors que « les financiers continuent de spéculer sur les marchés alimentaires, » observe Jean Ziegler dans un entretien avec Basta. « Les prix des trois aliments de base, maïs, blé et riz – qui couvrent 75 % de la consommation mondiale – ont littéralement explosé, » indique-t-il.
« Les spéculateurs boursiers qui ont ruiné les économies occidentales par appât du gain et avidité folle devraient être traduits devant un tribunal de Nuremberg pour crime contre l’humanité, » estime Jean Ziegler.
Dans son essai « Destruction massive. Géopolitique de la faim » (Seuil, 2011), Jean Ziegler dénonce cette « destruction massive » par les marchés financiers.
Après un état des lieux documenté, il explique les raisons de l’échec des moyens mis en oeuvre depuis la Deuxième Guerre mondiale pour éradiquer la faim et identifie les ennemis du droit à l’alimentation. La production des agrocarburants et la spéculation sur les biens agricoles sont, selon lui, les deux grandes stratégies à travers lesquelles progresse à présent le fléau.