Arabie Saoudite: Hamza Kashgari, 23 ans, condamné à mort pour un tweet

Marianne2 – Daniel Salvatore Schiffer – Philosophe | Mardi 14 Février 2012
Libérez Hamza Kashgari ! Ce cri du cœur est lancé par Daniel Salvatore Schiffer qui appelle à la mobilisation pour la libération d’un jeune blogueur qui risque d’être condamné à la pendaison en Arabie Saoudite. Dans une tribune, le philosophe raconte l’histoire de Kashgari, actuellement retenu prisonnier dans les geôles saoudiennes. Son crime ? Avoir publié un tweet soi-disant blasphématoire car insultant envers le prophète.

La charia, cette obscurantiste et prétendue loi coranique, frappe encore, ces jours-ci, en un de ces pays islamistes où nul discours critique, concernant le prophète Mahomet, n’est toléré, sous peine de mort. Aujourd’hui, cette théocratie d’un autre âge a notamment pour nom, l’Arabie Saoudite. Les autorités politiques et religieuses pourraient condamner à la pendaison, après un procès pour apostasie — reniement public, en ce cas, de la foi musulmane — et dans une indifférence quasi générale, Hamza Kashgari, jeune blogueur, âgé de 23 ans seulement. Il est accusé, de manière tout aussi arbitraire, d’avoir insulté publiquement sur Twitter, le prophète Mahomet. Ce qui, précisément dans les cultures pratiquant la charia, constitue un blasphème — et le plus grave de tous — passible de la peine capitale.

Hamza Kashgari, de plus en plus persécuté et se sentant donc menacé, avait anticipé et fui son pays pour la Malaisie. Il croyait pouvoir y bénéficier d’une protection adéquate et de l’asile politique.

Sauf qu’à sa grande surprise, le gouvernement malaisien l’a aussitôt arrêté avant de le renvoyer illico, à la demande des autorités saoudiennes, vers son pays d’origine. Il est actuellement emprisonné dans une obscure geôle, et risque, après son jugement, la mort par pendaison !

Le pire, dans cet abominable dossier, c’est le rôle joué par Interpol — dont le siège central est basé à Lyon pour la France — qui, paradoxalement, pour une institution censée obéir aux lois d’une justice plus démocratique, aurait lancé un mandat d’arrêt international contre Hamza Kashgari, suivant en cela la requête des autorités saoudiennes elles-mêmes.

 
Interpol complice
Ainsi, piégé par un système juridique totalement aveugle, ce jeune et pauvre blogueur, a finalement été victime de la stricte et très soumise application de la part des autorités judiciaires malaisiennes, et d’un excès de zèle de la police internationale.
Si cette dernière information se révèlait exacte — ce qu’Interpol a formellement démenti —, cela montre que l’institution internationale ne se soucierait guère du sort très peu enviable, aussi cruel soit-il, des opposants politiques. Surtout lorsque ceux-ci entendent pourfendre, au nom de l’inaliénable liberté de pensée tout autant que de parole, un régime totalitaire, pour ne pas dire fascisant.
Interpol, tragique et coupable complice donc, en cette funeste circonstance, d’une inqualifiable et moyenâgeuse barbarie ? En outre, c’est l’imprescriptible liberté de conscience, plus encore que les droits de l’Homme et de la femme, qui est, ici, bafouée, sinon niée de la façon la plus scandaleuse qui soit !

Aussi, dans un tel contexte politique et face à de telles pratiques religieuses, indignes de toute civilisation moderne, demandons-nous instamment, le plus fermement du monde, que Hamza Kashgari, dont le seul crime est d’avoir osé critiquer le principal prophète de l’islam (action pour laquelle, bien qu’inoffensive, il s’est par ailleurs déjà excusé), soit libéré. Immédiatement et sans conditions.

C’est là, cette tolérance face à la diversité des croyances, l’un des principes fondamentaux, que nous souhaiterions universel, de toute véritable démocratie, sans laquelle il n’est point d’humanisme, ni même peut-être, plus simplement encore, d’humanité !

Daniel Salvatore Schiffer est philosophe et porte-parole pour les pays francophones de One law for all (Comité international contre la peine de mort, la lapidation et la pendaison) dont le siège est à Londres.
Premiers Signataires :
 
Hélène Bravin : journaliste, essayiste, spécialiste du monde arabe.
Hsiao Chin : artiste-peintre d’origine chinoise.
Huguette Chomski Magnis : secrétaire générale du Mouvement pour la Paix et contre le Terrorisme.
André Glucksmann : philosophe.
Yumma Mudra : écrivaine, chorégraphe.
Maryam Namazie: porte-parole du comité international contre la peine de mort « One Law For All » (Londres). 
Gilles Perrault (écrivain).
Michelle Perrot : historienne, professeur émérite des universités.
Elisabeth Roudinesco : historienne.
Daniel Salvatore Schiffer : philosophe, écrivain, éditorialiste.
Philippe Sollers : écrivain, directeur de « L’Infini » (Editions Gallimard).
Annie Sugier : présidente de la Ligue du Droit International des Femmes.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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