la politique suivie en Europe aujourd’hui aggrave les difficultés des finances publiques au lieu de les réduire…

Alternatives Economiques – jeudi 16 février 2012 – Guillaume Duval – Edito

Une ceinture. C’est l’illustration qui nous a paru – malheureusement – résumer le mieux les  » riantes  » perspectives offertes aux Français (et aux Européens) en cette année 2012…

Depuis plus de deux ans maintenant, la gestion de la crise de la zone euro a consisté à imposer aux pays les plus en difficulté une austérité de fer, sans pour autant que les autres Etats ne fassent de leur côté d’efforts significatifs pour relancer la machine. Comme on pouvait s’y attendre, cette stratégie suicidaire a conduit l’ensemble de la zone euro à retomber en récession et à rejoindre les niveaux records de chômage des années 1990. Et comme on pouvait s’y attendre également, la situation des pays en crise s’est de ce fait aggravée puisque, sous le poids de la récession, leurs finances publiques ont continué de se dégrader inexorablement.

Menée pour  » rassurer les marchés « , cette politique les a, au contraire, davantage inquiétés. Ce qui s’est traduit, notamment, par la dégradation, début janvier, de la note de la dette de l’Etat français et de huit autres pays de la zone euro par l’agence de notation Standard and Poor’s. Loin d’en déduire qu’ils faisaient fausse route, les dirigeants européens, emmenés par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, en ont tiré la conclusion qu’ils n’étaient allés ni suffisamment vite et ni suffisamment loin dans la voie de l’austérité. D’où en particuliers le projet de nouveau traité européen censé renforcer encore la discipline budgétaire, alors que cela venait pourtant justement d’être fait fin 2011 dans le cadre de l’Union.

Qu’on ne se méprenne pas : il ne s’agit absolument pas de soutenir que la montée de l’endettement public ne serait pas un problème grave et qu’il n’y aurait pas lieu de chercher à le réduire. Laisser filer la dette, c’est la politique de ceux qui préfèrent emprunter de l’argent aux riches que de leur faire payer des impôts. Et quand, à cause de cette politique, les intérêts de la dette en viennent à représenter le premier poste de dépenses de l’Etat, comme c’est le cas désormais en France, il est grand temps de réagir. Mais force est de constater que la politique suivie en Europe aujourd’hui aboutit au contraire du résultat souhaité : elle aggrave les difficultés des finances publiques au lieu de les réduire.

S’il ne s’agissait encore que d’inefficacité sur le plan économique, ce ne serait pas trop grave, mais cette politique contreproductive alimente aussi les tentations populistes et les sentiments anti européens. Avec à la clef des risques de dérapages sociaux et politiques dont les événements de Hongrie donnent sans doute un avant-goût.  » Errare humanum est, perseverare autem diabolicum « , se tromper est humain, mais persévérer est diabolique, disaient nos lointains ancêtres…