Les embusqués aux frais du contribuable par ceux qui sont contraints de quitter le devant de la scène. Les planques de la République

Sud-Ouest 04/03/2012Par Dominique Richard

Où l’Etat gaspille-t-il son argent ? Extraits

La dette de la France explose. Le contribuable y sera de sa poche. Mais l’État ne pourra s’exonérer d’une chasse aux gaspillages. Passage en revue.

Des institutions nationales – ici l’Élysée – aux collectivités locales, les économies potentielles sont énormes. (AFP FRANCOIS GUILLOT)
Dettes, déficits, créances… Jamais sans doute une campagne présidentielle n’aura été à ce point marquée par ces mots. Ils parasitent le vocabulaire des politiques et reviennent en boucle dans les discours, comme des oiseaux de mauvais augure.
Après un demi-siècle d’aisance, la France s’enfonce aujourd’hui dans une crise qui promet d’être durable.
Des ministres qui coûtent de plus en plus cher
Le gouvernement Fillon, qui ne cesse d’inciter les Français à se serrer la ceinture, a manifestement du mal à réduire la voilure. Auteur d’une enquête remarquée sur le sujet, le député divers gauche de l’Aisne René Dosière est parvenu à chiffrer pour la première fois le coût d’un ministre : 17 millions d’euros par an. Un chiffre à multiplier par 24, puisqu’à l’issue du dernier remaniement, deux ministères de plus ont vu le jour. Sans compter les neuf secrétaires d’État dont le coût, certes moindre, contribue à charger la barque.
Les ministres du gouvernement perçoivent chacun 142 000 euros brut par an. Soit, pour six d’entre eux, moins que certains de leurs collaborateurs. Au cours de ces dernières années, les effectifs et les rémunérations des cabinets ministériels n’ont cessé de croître. Au nombre de 511, les conseillers peuvent émarger à 15 000 euros pour les plus en cour. Ils sont secondés par une petite armée de soutiers. Les diverses administrations mettent à la disposition du gouvernement 3 000 fonctionnaires dits de « soutien ». Rien d’étonnant à ce que les charges de personnel représentent un peu moins de la moitié du coût d’un ministre.
Plus surprenante est l’importance prise par les dépenses de communication. Elles absorbent plus d’un tiers de l’enveloppe consommée par chaque ministère. Soit presque 5 millions d’euros. C’est sans doute ici que se situe le principal gisement d’économies, et non dans les frais de représentation. Ils ne dépassent pas 270 000 euros en moyenne. Difficile de masquer des écarts de conduite. L’ancien secrétaire d’État Christian Blanc l’a appris à ses dépens, lorsqu’il a voulu faire supporter par son cabinet des achats de cigares à hauteur de 12 000 euros.
 Sud-Ouest 04/03/2012
Les planques de la République
Luc Ferry, onéreux président du Conseil d’analyse de la société. (archives PATRICK KOVARIK/AFP)
Comité Théodule. L’expression du général de Gaulle est passée à la postérité. Au dernier pointage, la France compte près de 700 instances et autres commissions chargées, sur le papier, d’éclairer les ministres sur des sujets de société ou de remplir des missions de service public. Dans ces coquilles creuses qui engloutissent au bas mot plusieurs dizaines de millions d’euros chaque année, le pouvoir du moment loge ses obligés, reclasse des recalés du suffrage universel et récompense aux frais du contribuable les services rendus par ceux qui sont contraints de quitter le devant de la scène.
Dissous l’an dernier, le corps des inspecteurs de l’Académie de Paris, qui n’inspectaient plus rien depuis quarante ans, abritait 22 embusqués qui émargeaient à plus de 4 000 euros par mois. Dont d’anciens conseillers de Nicolas Sarkozy et de Dominique de Villepin, mais aussi quelques socialistes blanchis sous le harnais. Mais quand l’un de ces placards dorés disparaît, un autre le remplace.
Un bon petit plaçou
En 2005, le Conseil d’analyse de la société a ainsi été créé sur mesure pour le philosophe Luc Ferry, un ami de longue date de Carla Bruni, après son éviction du gouvernement Raffarin. Le fonctionnement de cet observatoire que le monde entier nous envie revient chaque année à 600 000 euros.
Bien peu de chose, finalement, comparé aux 37 millions d’euros siphonnés chaque année par le Conseil économique, social et environnemental. Ses 233 membres, rémunérés 3 760 euros par mois, sont censés conseiller le gouvernement et le Parlement. Presque personne ne lit leurs rapports, qui passent totalement inaperçus. À l’inverse de certaines nominations.
François Mitterrand y avait envoyé siéger la veuve de Coluche et la chanteuse Georgette Lemaire ; Nicolas Sarkozy y a nommé l’escrimeuse Laura Flessel et un élu de Meudon qui avait eu l’amabilité de démissionner du conseil d’administration de l’Établissement public d’aménagement de la Défense (Epad) pour laisser la place à son fiston Jean. Ce qui valait bien un petit plaçou.
 

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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