La pression du lobby agroalimentaire sur les candidats à la présidentielle

Le Canard Enchaîné du 7 mars 2012
Une communication aux petits oignons
Si ce n’est pas un chantage, ça y ressemble. L’Ania, l’Association nationale des industries alimentaires, vient d’envoyer un questionnaire à tous les candidats à la présidentielle. Pour bien faire comprendre qu’il ne faut pas se mettre à dos le lobby alimentaire, la lettre du patron de l’Ania, Jean-René Buisson, commence par une piqûre de rappel : le secteur pèse 143,6 milliards d’euros et emploie 477 000 salariés directs dans 10 500 entreprises. Et surtout, il faut arrêt er de croire les sornettes que racontent les médias.
Non, l’industrie alimentaire n’a rien à voie avec la malbouffe : « Ses procédés se sont ainsi beaucoup inspirés des recettes traditionnelles pratiquées depuis des siècles dans toutes les cuisines du monde : le fumage du jambon, la transformation des fruits en confiture, la fabrication de yaourt, la production d’alcool par fermentation des jus, la production de chocolat à partir des fèves de cacao… » D’ailleurs, si « les entreprises alimentaires doivent faire face aujourd’hui à l’érosion de leurs profits », c’est notamment à cause de « l’image négative véhiculée par les médias avec des attaques perpétuelles qui ont érodé le capital confiance des Français dans leur alimentation ». Et Jean-René Buisson de dénoncer une « diabolisation irrationnelle, dangereuse et scandaleuse ».
C’est vrai que l’épidémie d’obésité n’a rien à voir avec les plats industriels bourrés de sucre et de mauvais gras. Les médias n’auraient jamais dû parler non plus des 75 000 accidents cardio-vasculaires favorisés par le sel ajouté en catimini dans notre assiette par l’agroalimentaire. Ni les dangers de l’huile hydrogénée dont on nous régale dans les cornets de glace, les biscuits, les pizzas surgelées…

Après trois pages de mise en bouche arrivent les 21 questions aux candidats. Morceaux choisis : « En explicitant vos réponses, pouvez-vous indiquer si vous êtes pour ou contre la diffusion, par les pouvoirs publics,  de campagnes positives sur l’alimentation », « la restriction de la publicité pour les produits alimentaires ». Ou encore « Pouvez-vous indiquer qu’il faille continuer à faire de la France une terre sans OGM ? (sic) »
On imagine, sans trop se creuser le ciboulot, quelles cases il faut cocher pour s’attirer les bonnes grâces de l’Ania. Reste à savoir quel candidat lui fera du plat…

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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