Selon le New York Times, l’accélération du calendrier de retrait d’Afghanistan est désormais à l’ordre du jour

Washington envisage un retrait accéléré d’Afghanistan

Le massacre de civils afghans perpétré par un soldat américain renforce le malaise de l’opinion

Dans le langage des dirigeants américains, 2013 a pris la place de 2014. En recevant David Cameron, le premier ministre britannique, à la Maison Blanche, Barack Obama a assuré qu’il ne prévoyait pas de changement  » soudain  » dans le calendrier de retrait d’Afghanistan, malgré le climat d’introspection dans lequel le massacre de 16 civils par un sergent américain a plongé les Etats-Unis. Mais il a souligné que les forces de l’OTAN vont pivoter dès 2013 vers un simple  » rôle de soutien «  aux troupes afghanes.

L’accélération du calendrier de retrait d’Afghanistan est désormais à l’ordre du jour. Jusqu’ici, la date importante était fin 2014, et le retrait complet des troupes de combat. Les spécialistes ne voient pas une énorme différence – il faut préparer le retrait en 2013, si on veut l’accomplir en 2014. Mais du point de vue de la gestion d’une opinion fatiguée par dix ans de guerre, la nuance n’est pas négligeable. Pour passer à un rôle de soutien en 2013, «  il va falloir se préparer dès 2012 « , dit un spécialiste militaire.

Selon le New York Times, le débat est de nouveau engagé à Washington sur l’accélération du calendrier. Quelque 10 000 soldats ont déjà été rapatriés et 23 000 autres le seront à la fin septembre, en vertu du plan annoncé par le président Obama en 2010, qui prévoyait une forte augmentation des troupes (surge), mais à titre temporaire.

Tournant psychologique

Pour la suite, le général John Allen, commandant des forces de la Force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS), a été chargé de présenter des recommandations. A la fin de son mandat, le président-candidat se trouvera avec 68 000 soldats en Afghanistan, soit deux fois plus que lorsqu’il a pris ses fonctions : un nombre que certains de ses alliés jugent excessif pour affronter les élections.

Les scénarios du New York Times ont été démentis par la Maison Blanche. Mais le débat survient à un tournant psychologique. Le massacre du 11 mars a provoqué une profonde réflexion sur la poursuite du conflit. Si l’Irak a été le théâtre d’un massacre de civils (à Haditha en novembre 2005, 24 morts), en Afghanistan c’est la première fois qu’un soldat  » disjoncte  » au point d’aller, seul, tuer des enfants dans leur sommeil.

Le sergent, âgé de 38 ans, et dont l’identité n’a toujours pas été révélée, a été transféré mercredi sur une base américaine à Koweït. Il avait subi un traumatisme crânien en Irak en 2010 lors d’un accident de véhicule mais il avait été renvoyé en mission pour la quatrième fois.  » A nos élus et à ceux qui les élisent, je dis : « voilà ce qui arrive quand vous refusez de faire ce qui est nécessaire pour maintenir une armée suffisante pour mener vos guerres » « , proteste Ron Capps, un ancien soldat qui tient un blog dans l’hebdomadaire Time.

Le secrétaire à la défense, Leon Panetta, est arrivé mercredi en Afghanistan pour une visite non annoncée dans la province du Helmand. Alors que son avion atterrissait sur la base britannique de Camp Bastion, un véhicule est arrivé sur la piste où il a pris feu. Le conducteur, grièvement brûlé, est mort. Les Américains n’ont pas voulu confirmer qu’il s’agissait d’une tentative d’attentat.

Corine Lesnes

Washington Correspondante

Edition paru le 16 mars 2012 © Le Monde