Chine, Pékin –  » Ferrari  » ( » Falali  » en mandarin) : encore un mot soumis à la censure du régime communiste après un accident.

Les habits trop neufs des princes de Pékin

Lundi 19 mars en Chine,  » Ferrari  » ( » Falali  » en mandarin) a fait une entrée remarquée dans le corpus des mots et expressions  » harmonisés « , c’est-à-dire soumis à la censure du régime communiste.
 La marque italienne de voitures de sport, tant prisée par les milliardaires de la deuxième économie mondiale, a rejoint des termes politiquement sensibles comme  » événement de Tiananmen  » ou  » Falungong «  depuis un mystérieux accident qui s’est produit dimanche à Pékin.

Au petit matin, sur l’un des périphériques de la capitale que la jeunesse dorée prend parfois en pleine nuit pour une piste de vitesse, une Ferrari noire est allée s’écraser contre la pile d’un pont, tuant son conducteur, âgé d’une vingtaine d’années, et blessant grièvement deux femmes.
Les réseaux sociaux ont relayé l’information, certains utilisateurs indiquant que le garçon pourrait être un des fameux  » taizi  » (princes), ces enfants de hauts dirigeants dont les frasques passionnent les internautes chinois, mais indisposent les parents soucieux officiellement d’ » harmonie sociale  » et de lutte contre les inégalités.
Lundi, sur Sina weibo, le principal site de microblogs, la plupart des commentaires avaient disparu.  » Les recherches concernant « Ferrari » n’ont pas été affichées conformément aux lois, réglementations et politiques en vigueur « , était-il indiqué. Les quelques articles de presse avaient également été supprimés d’Internet.
Si aucune explication n’a été donnée, le contexte politique peut expliquer cette disgrâce. Il y a plus de dix jours, lors de sa dernière apparition publique, Bo Xilai,  » prince  » lui-même, ancien numéro un de la métropole de Chongqing connu pour ses campagnes néomaoïstes, avait démenti que son fils eût été vu au volant d’une Ferrari, comme l’avait affirmé en 2011 le Wall Street Journal.  » C’est un non-sens « , avait-il lancé, avant d’être limogé une semaine plus tard.
Au même moment, un internaute juxtaposait la photo du tailleur-pantalon rose porté en pleine session parlementaire par la fille de l’ancien premier ministre Li Peng, un vêtement Emilio Pucci, autre marque italienne, estimé à 12 000 yuans (1 435 euros), à celle d’enfants de paysans pauvres pieds nus. Un photomontage rapidement  » harmonisé « .
François Bougon
Edition du Monde 21/03/2012 © Le Monde

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
Cet article, publié dans International, Médias, est tagué , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.