Libération – jeudi 22 mars 2012 –
J. F. Copé : Bayrou et Hollande n’ont «pas respecté le deuil !»
Jean-François Copé le 30 janvier 2012 (Photo Mal Langsdon. Reuters)
Le secrétaire général de l’UMP loue en revanche le «rôle exemplaire» de Sarkozy. L’équipe de Hollande s’insurge.
Jean-François Copé a accusé ce jeudi les candidats à la présidentielle François Hollande (PS) et François Bayrou (MoDem) de ne pas avoir «respecté le temps du deuil» après les assassinats de Montauban et de Toulouse, louant à l’inverse «le rôle exemplaire» de Nicolas Sarkozy. «Honte à Copé, qui polémique en pleine intervention policière», réplique l’équipe du socialiste François Hollande.
«Alors que nous avions, nous, un comportement de dignité et de retenue, un certain nombre de candidats à l’élection présidentielle n’ont manifestement pas respecté ce temps de deuil», a déclaré le secrétaire général de l’UMP lors d’un point presse donné au moment même où le Raid donnait à Toulouse l’assaut final dans l’appartement de l’auteur présumé des assassinats.
«Je pense à François Bayrou qui, alors même que personne n’avait d’éléments sur l’origine de ce drame, a fait des raccourcis regrettables entre ces crimes et un supposé, je cite, climat d’intolérance. Je pense au double langage de François Hollande», a-t-il lancé.
Copé s’en est pris aux propos tenus mardi matin sur BFMTV par le candidat socialiste qui a, selon lui, «appelé d’un côté à la retenue et de l’autre a sous-entendu de manière insidieuse qu’il pouvait y avoir un lien direct entre ces assassinats et la manière dont Nicolas Sarkozy exerçait ses responsabilités».
«Honte à Jean-François Copé»
«Honte à Jean-François Copé. Honte à ceux qui polémiquent au moment même où des policiers interviennent et sont blessés», répond dans un communiqué Delphine Batho, une des porte-parole de François Hollande. «Les Français jugeront très sévèrement Jean-François Copé comme tous ceux qui auront voulu briser l’unité de la République face à l’épreuve du terrorisme», ajoute-t-elle.
Le numéro 1 de l’UMP a également vilipendé l’attitude de la candidate écologiste, Eva Joly, et dans une moindre mesure celle de Marine Le Pen (FN), l’accusant de «procès d’intention» dans ses critiques sur la gestion du «fondamentalisme» musulman en France. «En matière de terrorisme, nous n’avons de leçons à recevoir de personne», a-t-il dit.
A l’inverse, Copé a salué «le travail remarquable de Claude Guéant», le ministre de l’Intérieur, dans cette opération, et a rendu hommage au «rôle exemplaire» joué par le président-candidat, Nicolas Sarkozy.
«Il a fait face avec la dignité, le sang-froid, la compétence, l’expérience qui est la sienne. Il a pleinement joué son rôle de garant de la concorde entre les religions de notre pays et en apaisant toutes les tensions qui auraient pu éclater (entre les communautés) […]. En cette période douloureuse, Nicolas Sarkozy a su rassembler les Français, préserver la cohésion de la Nation et répondre à la menace terroriste», a-t-il souligné.
«Comportement indécent»
Pierre Moscovici, directeur de campagne de François Hollande, s’est dit jeudi «choqué par l’indécence du comportement de Jean-François Copé» qui a mis en cause le candidat socialiste, soulignant que «ce n’est pas comme ça qu’une campagne» devait se dérouler.
«Je refuse qu’il y ait une sorte d’indécence, d’instrumentalisation, de récupération » de la part de la majorité, a-t-il ajouté, soulignant qu’»à l’UMP, «il y a un comportement indécent (…) insupportable et choquant».
«Ce n’est pas comme ça que la campagne doit se dérouler, après les terribles événements que la France a vécus et qui devraient plutôt tirer le débat vers le haut. Non pas que le consensus se poursuive éternellement, mais simplement qu’on ait de la dignité et du respect pour ceux qui ont été tués ou blessés», a estimé le député du Doubs.
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Frédéric Baylot
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