Quotidien catalan La Vanguardia : retour sur le discours antieuropéen tenu par Nicolas Sarkozy, à Villepinte

Courrier International  N° 1116 La Vanguardia

Nicolas Sarkozy, un désespoir pour l’Europe

Honteux, indigne, démagogique… Le quotidien catalan La Vanguardia n’a pas de mots assez durs pour critiquer le discours tenu par le président-candidat à Villepinte, le 11 mars.
La campagne électorale bat son plein avant le premier tour de la présidentielle, prévu le 22 avril. En meeting à Villepinte, le 11 mars, Nicolas Sarkozy a choisi de miser sur le supposé sentiment antieuropéen des électeurs – voilà en tout cas l’idée la plus choquante que l’on retiendra de son intervention.
Tous les candidats ont pour coutume de faire de leur mieux pour répondre aux aspirations des électeurs car, quand vient le moment de déposer un bulletin dans l’urne, ils sont à leur merci. D’où la gravité du discours antieuropéen tenu par Nicolas Sarkozy, à la fois candidat de l’UMP et président de la République. Ses menaces de fermer les frontières, en contradiction avec les accords de Schengen, et de revenir au protectionnisme le plus primaire, en violation des règles du marché unique, sont l’expression d’un populisme qui cherche à rivaliser avec les positions extrémistes du Front national, représenté par Marine Le Pen.
Ce comportement est absolument honteux et indigne d’un responsable politique. Et il expose la tactique choisie : semer la terreur pour récolter la docilité bienveillante. Il révèle également quelqu’un qui se croit tout permis, postulat incompatible avec les accusations d’irresponsabilité lancées par le clan Sarkozy contre son rival socialiste, François Hollande, qui a proposé la révision de l’accord budgétaire adopté récemment par l’UE.
Tous ces commentaires populistes lamentables, tous ces propos démagogiques à l’intention des Français nous remettent en mémoire cette histoire du plombier polonais, qui avait fait tant de bruit en 2005, avant le référendum sur la Constitution européenne. Présenté comme une menace pour l’emploi des Français, le plombier polonais avait contribué à la victoire du non et nous avait tous obligés à revenir au point de départ. La plaisanterie s’était éternisée, pour finalement durer cinq ans : le traité de Lisbonne, assorti de ses multiples protocoles et déclarations annexes, avait été signé le 13 décembre 2007 et n’avait pu entrer en vigueur que le 1er décembre 2009, dans une forme tronquée qui laissait déjà deviner des insuffisances notoires.
Personne ne va donc prendre l’Europe en charge ? Sommes-nous devenus incapables de travailler ensemble, ce qui nous permettrait pourtant de sortir de la crise ? Allons-nous longtemps nous contenter de contempler cet horizon qui nous effraie ? La suite au prochain épisode.
 Angela Merkel doit lâcher Nicolas Sarkozy
Le correspondant du quotidien de gauche Die Tageszeitung a attentivement écouté le discours du président sortant à Villepinte, le 11 mars. Et il ne comprend pas, devant les propos tenus, comment la chancelière pourrait continuer à soutenir son homologue français. 12.03.2012
 

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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