Le trombinoscope de la Sarko connection

Le site de Charlie Hebdo – 20 mars 2012
L’autre jour à la télé, Sarkozy a cru bon de souligner qu’il y avait eu autant «d’affaires» sous Chirac ou Mitterrand. Mais il oublie quand même qu’autour de lui, ce ne sont que mis en examen ou repris de justice. Charlie republie le trombinoscope de la Sarkozye en fin de mandat. On se croirait dans les couloirs d’un tribunal.
 Eric Woerth
La chute du trésorier Voilà le talon d’Achille du candidat Sarkozy. C’est Woerth qui avait les cassettes, celle de l’UMP et celle de l’Association de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy, en 2007 — une association dont il était le président et qui était chargée de récolter des fonds et de payer les dépenses de Sarko pour la présidentielle. L’homme des secrets a finalement été mis en examen la semaine dernière pour avoir notamment «recelé» 150 000 euros en liquide, remis par l’homme qui gérait la fortune et les comptes occultes de Liliane Bettencourt. Des billets qui ont probablement alimenté la campagne de Sarkozy. Le lendemain, Woerth tweetait «merci» à ceux qui lui avaient «témoigné leur amitié». «Je suis très serein et très déterminé car le temps de la vérité arrive toujours.» Surtout chez le juge!
Alain Carignon
De la taule à l’Élysée L’ancien maire de Grenoble, à qui l’on peut décerner le label officiel de repris de justice depuis qu’il a été condamné pour corruption et qu’il a purgé sa peine de prison, est l’un des conseillers écoutés de Sarkozy. «Il est en cheville avec Brice Hortefeux et fait partie de la cellule riposte de l’UMP», confie un observateur élyséen. L’ancien ministre passe du temps à l’Élysée, brasse du beau monde et organise des déjeuners, avec des patrons par exemple, pour son vieux pote.
Nicolas Bazire
L’influent Nicolas Bazire L’homme qui était directeur de cabinet d’Édouard Balladur entre 1993 et 1995 fut le principal interlocuteur de Sarkozy,
lui-même porte-parole de Balladur pendant la campagne de 1995. Il est poursuivi dans l’affaire du financement de cette même campagne pour «complicité d’abus de biens sociaux». Cela n’empêche pas Sarkozy de continuer à consulter son complice et ami Nicolas Bazire, numéro deux du groupe de luxe LVMH et ancien banquier, qui a même été son témoin lors de deux (sur trois) de ses mariages.
Gérard Longuet
Le multi-blanchi Le ministre de la Défense, ardent soutien de Sarkozy et ancien membre d’un groupuscule d’extrême droite, n’a jamais été condamné, mais il collectionne une série impressionnante de mises en examen et d’affaires qui lui collent aux basques. Il s’en est toujours sorti, mais personne n’a oublié l’affaire du financement du Parti républicain, future composante de l’UMP, celle de la construction de sa villa à Saint-Tropez, et l’affaire des marchés publics d’Île-de-France. Les tribunaux, il connaît!
Patrick Balkany
De Levallois à la Françafrique Redevenu député depuis sa condamnation dans les années 1990, l’ami d’enfance de Sarko, d’origine hongroise comme lui, a, après les foudres judiciaires, essuyé plusieurs rapports accablants de la chambre régionale des comptes à propos de sa gestion de Levallois, dont il est maire. On le soupçonne de faire des affaires bizarres en Afrique, mais pour le moment rien n’est prouvé. Chez Sarkozy, ce repris de justice est comme chez lui. Il y était encore samedi 28 janvier pour fêter son anniversaire en petit comité.
Renaud Donnedieu de Vabres
L’homme des intermédiaires Il a été ministre de la Culture, mais son carnet d’adresses — saisi par les juges — contient tous les numéros des hommes de l’ombre de l’armement. Donnedieu de Vabres, mis en examen dans l’affaire Karachi, était un pivot des ventes d’armes quand il était conseiller de Léotard au ministère de la Défense, entre 1993 et 1995. Déjà condamné (il a blanchi 5 millions de francs en biftons via le Luxembourg quand il était l’un des responsables du Parti républicain), il fréquente ardemment l’Élysée; et, puisqu’il fallait bien le recaser quelque part, il a été nommé à la tête de l’Agence de développement touristique de la France.
 
Bernard Tapie
Prochain exilé fiscal? L’ancien ministre-taulard a fait la danse des sept voiles à Sarkozy. Bingo: tout a été fait pour qu’il puisse décrocher un énorme chèque en règlement de son affaire avec le Crédit lyonnais. Il fait marrer Sarko, pour qui il avait appelé à voter en 2007. Ça ne l’a pas empêché de délocaliser prestement son beau magot en Belgique, comme Charlie l’a révélé. Avant de s’exiler fiscalement?
Philippe Courroye
Le seul copain magistrat Sarkozy et Courroye ont noué des liens quand le premier était ministre de l’Intérieur, le second juge d’instruction. Pour boucler un dossier mettant en cause un ancien nationaliste corse, les deux se sont alliés. Et sont restés proches, au point que Courroye a été nommé procureur à Nanterre, en dépit d’un avis négatif du CSM, histoire de garder la main sur les affaires judiciaires du 9-2, l’ancien fief de Sarko. Il s’est tellement pris au jeu qu’il est mis en examen pour avoir demandé les fadettes de journalistes trop curieux.
Thierry Gaubert
Le flambeur Ancien collaborateur de Sarkozy à Neuilly puis au Budget, il est actuellement jugé pour vingt-trois incriminations distinctes dans un dossier concernant les dérives du 1% logement. Amateur de femmes en vue, celui qui a été marié à l’héritière du groupe hôtelier Barrière, puis à une princesse, cause par son divorce bien des soucis à la Sarkozie: sa dernière femme, Hélène de Yougoslavie, raconte des tas de petits secrets qui ont braqué le projecteur des juges sur lui. Résultat, le voilà mis en examen dans l’affaire du financement de la campagne de Balladur. Il est soupçonné d’avoir rapporté des valises de fric en France.
Bernard Squarcini
Le flic préféré Sarkozy déteste les juges mais adore les flics, et ces derniers le lui rendent bien. Nommé en 2008 à la tête du nouveau service de renseignement intérieur, la DCRI, issue de la fusion des RG et de la DST et protégée par la chape de plomb du secret défense, Bernard Squarcini, en qui Sarko a toute confiance depuis son passage à l’Intérieur, s’est pris au jeu des enquêtes tordues, demandant aux opérateurs téléphoniques les fadettes de journalistes… Soupçonné d’utiliser la DCRI pour rendre service à Sarkozy, il a été lui aussi mis en examen.
Serge Dassault
Le patron de presse engagé Serge Dassault, propriétaire du Figaro et marchands d’avions de combat, fait ouvertement campagne pour Sarko, comme il l’a toujours fait avec la droite. «Les industriels vont quitter la France à cause de Hollande», a-t-il carrément juré la semaine dernière. Sarkozy l’aide à vendre ses Rafale en Inde, en échange de quoi il pourra se gargariser avec les emplois gagnés le jour où le contrat sera réellement signé. En attendant, la justice tourne autour de l’industriel milliardaire, notamment pour des enveloppes de billets données à des jeunes de Corbeil, la ville dont il a été le maire, en échange de leurs voix le jour du vote. Une instruction que, curieusement, le juge qui en a la charge n’arrive pas à faire aboutir. Pourtant, Sarkozy lui-même a réaffirmé récemment que la justice était indépendante dans ce pays. En voilà une nouvelle preuve.
Article de Laurent Léger publié dans Charlie n°1026

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