Bayrou, l’Humain d’abord

Ze Rédac – 04/05/12 par RichardTrois 

François Bayrou à la surprise générale est sorti de l’image caricaturale du centriste pour faire un choix fort et lourd de sens. Il a dit son choix personnel de voter pour François Hollande au nom des valeurs :

« La ligne qu’a ainsi choisie Nicolas Sarkozy entre les deux tours est violente, elle entre en contradiction avec les valeurs qui sont les nôtres, pas seulement les miennes, pas seulement celles du courant politique que je représente, mais aussi les valeurs du gaullisme, autant que celles de la droite républicaine et sociale. »

Et François Bayrou de citer « l’obsession de l’immigration dans un pays comme la France, au point de présenter dans son clip de campagne un panneau “Douane” écrit en Français et en Arabe », une obsession porteuse d’affrontements qu’il faut prévenir.

Des valeurs bafouées et un danger que François Bayrou place donc devant le risque économique qu’il perçoit dans le projet économique de François Hollande. Et voilà qu’un bref instant François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon se rejoignent pour privilégier l’humain sur l’économique, la finance. L’humain d’abord, le slogan du Front de Gauche se trouve illustré dans les faits.

Pas étonnant que Jean-Luc Mélenchon ait hier jeudi salué « la décision de monsieur Bayrou part d’un honnête sentiment républicain que la violence des discours glauques de Nicolas Sarkozy insupporte », tout en se méfiant de « l’ami de la règle d’or ».

Voilà que François Bayrou se fait homme d’Etat, enfin, capable de privilégier la cohésion, l’unité nationale, les intérêts à long terme du pays plutôt que son intérêt politique immédiat. Bayrou voulait être celui refondrait le centre, réunissant la famille centriste celle égarée à l’UMP, celle du nouveau centre et ses propres troupes du Modem. Avec ce choix, il devra faire une croix sur ce projet. Mais de fait, il prend date pour l’avenir. Il sait qu’avec ce choix de voter François Hollande, sa voix sera mieux  entendue, plus forte à l’avenir. Notamment quand face à la situation du pays, François Hollande aura besoin de « l’union nationale et la vraie mobilisation des Français au service de la France ».

L’ironie de l’Histoire, c’est finalement que François Bayrou se sera fait homme d’Etat, et aura décidé de voter pour le candidat de gauche à un moment où sa voix est plus symbolique que décisive dans le combat électoral. En 2007, il en était tout autrement. Il aurait pu avec Ségolène Royal écrire l’Histoire. Et éviter ainsi à la Nation 5 années de Sarkozysme, de dégradation économique et morale. Que de regrets notamment pour ceux qui auront eu à souffrir des ces années qu’on espère derrière nous. L’erreur est humaine mais si lourde de conséquence à ce niveau là de la vie politique.