A mes amis du Front de Gauche qui ne veulent pas voter Hollande

Le cri du peuple – 4 mai 2012
Chers amis, chers camarades,
Nous sommes au pied du mur. Dimanche, nous avons le rude choix entre Sarkozy et Hollande. Vous êtes encore nombreux à songer aller à la pêche, à voter blanc (!), à biffer le bulletin de votre « non choix » voir à vouloir glisser à nouveau le bulletin frappé du nom du candidat du Front de Gauche. Je le comprends, d’autant mieux que j’ai eu – longtemps – cette même envie. Mais, aujourd’hui, je veux vous inviter à prendre le temps d’y réfléchir. Je veux vous dire pourquoi moi, je vais utiliser le vote Hollande. En espérant que ces quelques modestes mots pourraient vous amener à faire le même choix que moi.

Après la bande du Fouquet’s, le gang du Bristol s’apprête à faire main basse sur la vie
Je vais d’abord évoquer les raisons qui peuvent justifier que l’on ne vote pas Hollande. Il y a tout ce que j’ai déjà écrit, ce que d’autres militants du Front de Gauche ont mis en lumière. Je ne retire rien de ces mots durs que j’ai eu contre le candidat de la social-démocratie, notamment en matière de renoncement devant l’avancée idéologique du libéralisme en France et en Europe. La pantalonnade autour de l’adoption du Mécanisme Européen de Stabilité en constitue la dernière illustration en date et, très probablement, la plus éclairante.
Mais, sur ce point, regardons ce que Sarkozy s’apprête à faire, en héraut des « 200 familles » version 2012 qu’il est. Nicolas le petit est le porteur des intérêts de classe d’une oligarchie qui veut prendre sa revanche sur le Front populaire et le programme du Conseil national de la résistance. C’est à dire qu’il veut, définitivement, liquider les derniers outils de protection sociale collective et républicaine dont s’est dotée la classe ouvrière.

Le 6 mai à 20 heures, la République met une claque à Sarkozy
Je vais prendre le temps d’évoquer la question de la Sécurité sociale, dont le budget annuel avoisine les 500 milliards d’euros. Abondé par les cotisations sociales des employés et, pour les entreprises qui les règlent, les cotisations sociales part employeur, ce budget échappe – pour l’instant – aux appétits du marché. Lequel ne voit pas cela d’un bon œil ! En Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, ce secteur de la protection sociale est déjà dévolu aux groupes financiers. L’ambition de Nicolas, frère de Guillaume Sarkozy dirigeant du groupe (encore) paritaire de protection sociale Malakoff-Médéric, demeure d’ouvrir ce secteur protégé à la concurrence libre et non faussée…
…l’autre frère de Nicolas, Olivier Sarkozy, banquier de formation, directeur financier du fonds américain de capital-investissement Caryle, un monstre qui gère 150 milliards de dollars. Caryle, ça ne vous dit rien ? C’est pourtant le fonds américain, propriétaire de la société suisse Petroplus, qui vient de fermer la raffinerie de Petit-Couronne (lire Article). Ce que curieusement, la presse n’évoque jamais. 
Je pourrais aussi évoquer la liquidation des services publics autant nationaux que de proximité pour remettre aux mains des marchés des activités qui lui échappent encore là aussi. Sachons que, sous l’impulsion de la gauche, enfin de sa partie la plus conscientisée, les mobilisations citoyennes tendent à ramener l’activité dans le secteur public, c’est notamment le cas sur l’eau, l’électricité, la poste, bientôt l’éducation, la santé…. Il y a là bataille colossale tant sur le plan idéologique que financier, pour développer ou casser les services publics.
Assurément, permettre l’élection de Nicolas Sarkozy, c’est lui offrir les moyens de mener à bien la mission que lui ont confiée les tenants de l’oligarchie. Si Sarkozy et sa bande de furieux conservent le pouvoir, il achèvera la destruction systématique de notre bien commun. Certes, Hollande ne fera pas forcément mieux. Mais il nous sera plus aisé de mobiliser contre lui si, d’aventure, il osait défier son électorat de cette manière. Quoi qu’il en soit, si Hollande est élu, nous finirons notre travail dialectique qui amène l’irruption citoyenne dans la vie politique en combinant mobilisations de masse et victoires électorales. Voilà, pour la part politique de mon vote.
Il y a, dans ce vote, une part – et c’est la plus importante – de valeurs. Quoi qu’il en soit, Hollande reste un républicain et un démocrate. Je dénie ces qualités au candidat que j’espère bientôt sorti. Il faut lire que Sarkozy assume de reprendre les thèses de l’extrême-droite et que ce n’est pas un calcul tactique. Il faut voir le comportement de ses thuriféraires qui clament, en marge des meetings, « la France aux Français » ; qui s’en prennent physiquement à la journaliste vedette de la version française de Fox news (!), après avoir molestée une journaliste de Médiapart ; qui hurlent leur haine de l’autre.
Ce n’est pas cela la France que je veux, celle dans laquelle j’ai grandi et qui me laisse ce doux ressenti d’être chez moi malgré mes origines bien diverses. Il y a en moi de celui qu’on traitait de « boche », du « polak », du basque… Je suis un métèque aux yeux des tenants de l’ordre moral. Jusqu’à présent, j’ai pu vivre cela avec fierté et bonheur dans mon pays. Je voudrais que cela puisse durer jusqu’à la fin de toutes les éternités. Pourtant, c’est avec cette France multiculturelle, avec cette République bigarrée parce que laïque, que Sarkozy et les siens veulent en finir. Ce projet, à lui seul, mérite qu’on le refoule.
Si même la droite lâche Sarkozy…
Enfin, plus le résultat de François Hollande au soir du second tour sera élevé, moins il lui appartiendra. A contrario, un vote étriqué l’amènera à radicaliser ses pratiques politiques à partir de l’affirmation « ces gens ont voté POUR moi ». Ne lui offrons surtout pas ce cadeau.
Voilà, mes chers amis, mes chers camarades, les quelques mots que je voulais vous adresser. Je sais bien qu’ils n’ont d’importance que celle que je leur accorde. Mais j’avais envie de les partager avec vous. Ce n’est qu’un bulletin, qui ne nous engage à rien sur le fond. Le plus important, nous continuerons de le construire ensemble comme nous le faisons depuis 2009. Pensez-y.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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