Disparition – Olivier Ferrand, la classe politique en deuil

Le Nouvel Obs  30-06-2012

Il est décédé d’un arrêt cardiaque à l’âge de 42 ans samedi 30 juin. Les politiques lui rendent hommage. A droite comme à gauche, ils saluent l’engagement du président de Terra Nova.

Portrait : Olivier Ferrand, un homme engagé et influent

 Récemment élu député, le créateur de Terra Nova était une des forces de la nouvelle génération du PS, un homme de réseau et de conviction.
Homme d’influence multi-diplômé et créateur du laboratoire d’idées Terra Nova, Olivier Ferrand, décédé samedi 30 juin à 42 ans dans sa maison familiale de Velaux, près de Marseille, voulait avec son 1er mandat législatif passer de l’ombre des conseillers à la lumière de l’action politique.
Après une législative ratée en 2007, fruit d’un parachutage mal digéré par les socialistes des Pyrénées-Orientales, Olivier Ferrand venait d’être élu dans la 8e circonscription des Bouches-du-Rhône.
Ce diplômé de Sciences Po, HEC et l’ENA à l’allure de gendre idéal, haut fonctionnaire qui débuta à la direction du Trésor, avait créé en 2008 Terra Nova, un think tank proche du PS qui agrège aujourd’hui un millier d’experts et a produit une trentaine d’essais.
Réseau fourni
Olivier Ferrand était l’un des benjamins de la nouvelle génération PS arrivée au pouvoir avec François Hollande (Manuel Valls, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg…), qu’il avait côtoyée alors qu’il était conseiller technique pour les Affaires européennes de Lionel Jospin (1997-2002) à Matignon et avec qui il avait conservé des liens étroits.
Coauteur avec Arnaud Montebourg d’un livre sur les primaires, il se targuait d’avoir importé le concept américain au PS.
Mais malgré ce réseau fourni, ce compétiteur sportif (tennis, ski et récemment marathon), marié et père d’une fille de 12 ans, affichait jusqu’au 17 juin un maigre pedigree d’élu, ayant été maire-adjoint du 3e arrondissement de Paris (2001-2007) puis de Thuir, commune de 7.500 âmes des Pyrénées-Orientales.
Parachuté par le PS aux législatives en 2007 en Catalogne, il avait chuté dès le premier tour devant un dissident socialiste.
Originaire des Bouches-du-Rhône
Olivier Ferrand était natif de Marseille, avec un ancrage familial à Velaux, dont son arrière-grand-père fut même maire et où le jeune député est décédé samedi, dans la maison de ses parents.
Pourtant, ce printemps, il était apparu d’abord de nouveau comme un parachuté de Solférino dans cette circonscription des Bouches-du-Rhône, seul département avec l’Hérault où la direction nationale du parti avait désigné les candidats sans consulter les militants.
Associé à son suppléant, le maire de Velaux Jean-Pierre Maggi, 68 ans, « un élu de proximité avec une connaissance intime du terrain », il assumait cependant son influence parisienne, affirmant apporter à leur duo « la capacité de défendre les dossiers au national » via ses nombreux contacts.
Des contacts qu’il avait ainsi sollicités pour faire venir en réunions publiques Jacques Attali, Martin Hirsch, Rama Yade ou Hubert Védrine, dans le cadre d’un collectif créé avec Europe Ecologie Les Verts (EELV). Renversant peu à peu son image de parachuté, en multipliant aussi les actions de porte-à-porte.
Nouvelle génération en politique
Son mentor, Lionel Jospin, était aussi venu pendant la campagne soutenir son ex-conseiller à Matignon pour les Affaires européennes. A cette occasion, Olivier Ferrand avait réaffirmé son engagement « sur son comportement personnel », pour se démarquer des affaires entachant le PS-13, le jour même où l’on apprenait le renvoi en correctionnelle de la candidate PS Sylvie Andrieux pour détournement de fonds publics.
Pour Sébastien Barles, porte-parole d’EELV en Paca, il était « intéressant à double titre parce que représentant une nouvelle génération en politique et un renouvellement local » dans une fédération marquée par les affaires.
Au 2e tour le 17 juin, Olivier Ferrand, candidat unique PS/EELV/PRG/MRC, avait ravi ce territoire à la droite, obtenant dans une triangulaire 40,48% des suffrages face au candidat de l’UMP Nicolas Isnard (39,91%) et à celui du FN, Gérald Gérin (19,61%).
  Olivier Ferrand, bâtisseur de la victoire de la gauche
Le nouvel Obs  01-07-2012
Par Laurent Joffrin Directeur du Nouvel Observateur
Trop souvent caricaturée, l’analyse du fondateur de Terra Nova était précieuse à maints égards. Il manquera à la gauche, comme il manque déjà à l’Obs
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A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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