Roumanie : l’ordre démocratique est-il en péril ?

Le Monde du 06/07/2012

Il n’aura fallu que deux mois, note Le Courrier des Balkans, pour que Victor Ponta, jeune socialiste bon teint de 39 ans, se mue en chantre du « coup d’Etat permanent ». Et déclenche une sombre guerre de clans dans les allées du pouvoir roumain.

Après avoir orchestré mardi le renvoi des présidents du Sénat et de la Chambre des députés – une « mise au pas des institutions » qualifiée par la presse de « blitzkrieg » (guerre éclair) sans précédent depuis la chute de la dictature Ceaucescu, en 1989 – , le premier ministre est « passé à la vitesse supérieure ». Mercredi, la coalition de centre gauche qu’il dirige, l’Union sociale-libérale (USL), a ainsi accéléré la procédure de destitution visant le président Traian Basescu (centre droit), rival honni de M. Ponta, accusé de « violer la Constitution et d’abuser de son autorité »

Un vote est prévu aujourd’hui au Parlement. S’il est défavorable au chef de l’Etat – ce qui est probable, eu égard à la confortable majorité détenue par l’USL, note CNN -, un référendum sera organisé dans un délai de trente jours pour entériner cette proposition (Radio Free Europe).

Ce bras de fer entre MM. Basescu et Ponta, accusé de surcroît d’avoir plagié sa thèse de doctorat, inquiète la communauté internationale. Aux Etats-Unis, et plus encore en Europe, les craintes sont vives de voir s’installer une dérive autoritaire, aux dépens de l’Etat de droit. La Roumanie, une nouvelle Hongrie ?

Dans une tribune au New York Times, un professeur de Princeton récuse le parallèle entre les deux pays, tout en appelant à la vigilance. Et conclut : « La vitesse à laquelle la crise s’est envenimée et l’opiniâtreté avec laquelle M. Ponta s’accroche au pouvoir sont deux motifs de vive préoccupation (…) C’est pourquoi ceux qui se soucient de la démocratie constitutionnelle doivent être attentifs ».