Evolution des génomes : Le bananier a livré les secrets de ses 520 millions de bases, précisent le Centre de recherche agronomique pour le développement

La banane livre les secrets de ses 36 000 gènes

Montpellier Correspondante Le séquençage représente une avancée pour améliorer la résistance d’un fruit menacé par des maladies à l’échelle mondiale
Les  » secrets  » de la banane la plus consommée au monde sont désormais connus. Le Centre de recherche agronomique pour le développement (Cirad) de Montpellier et le CEA-Génoscope d’Evry ont publié, mercredi 11 juillet, dans la revue Nature, les résultats du séquençage du génome de Musa Acuminata entrant dans la composition de toutes les variétés comestibles, y compris de la plus commercialisée, la  » Cavendish « . Si les décryptages de génomes se multiplient au point de devenir une performance assez banale, celui-ci reste un événement. Il a nécessité dix années de travail et un budget de 3,7 millions d’euros financé par l’Agence Nationale de la recherche (ANR).
50 % de la production mondiale de bananes descend d’une graine asiatique qui remonte à plusieurs centaines, voire milliers d’années et qui donne aujourd’hui la variété dominante à l’export, la Cavendish « , explique Angélique D’Hont, qui a supervisé le séquençage au Cirad. Il existe d’autres variétés de bananes, qui sont, en tant que cultures vivrières, à la base de l’alimentation des populations du Sud, mais le marché mondial, lui, est entièrement dominé par cette seule variété.
La monoculture n’est pas nouvelle, et elle a déjà montré ses limites par le passé : dans les années 1950, une autre variété (Gros Michel) dominait alors le marché, jusqu’à ce qu’un champignon, vecteur de la  » maladie de Panama « , ravage l’ensemble des plantations. Depuis, les planteurs sont passés à la Cavendish.
Résultat : ce manque de diversité variétale rend la production toujours aussi fragile. Et de fait, on assiste depuis quelques années à une recrudescence de la maladie de Panama en Asie, et à l’arrivée d’une autre maladie, la cercosporiose noire dite  » maladie des raies noires  » dans toutes les zones de production. La Martinique y est confrontée depuis 2010 et la Guadeloupe depuis début 2012. Ce champignon qui s’attaque aux feuilles de bananiers est responsable d’un mûrissement accéléré du fruit qui en rend l’exportation difficile.
Pour lutter contre ce nouveau fléau, les producteurs appliquent des traitements chimiques par voies aérienne et terrestre. Dans certains pays d’Amérique latine, les plantations peuvent recevoir plus de 60 traitements par an. Dans les Antilles françaises, la population reste traumatisée par la pollution engendrée par l’usage du chlordécone, un pesticide utilisé pour lutter contre le charançon. Les producteurs essaient donc aujourd’hui de limiter le nombre de traitements phytosanitaires. Le nombre de traitements chimique aux Antilles est désormais le plus bas au monde. Avec la prochaine interdiction en Europe des traitements aériens, la question de solutions alternatives se pose néanmoins.  » On est arrivé au bout de la logique productiviste de la variété Cavendish « , analyse ainsi Denis Loeillet, responsable de l’Observatoire des marchés fruits et légumes au Cirad.
C’est dans ce contexte très particulier qu’arrive ce séquençage, porteur de beaucoup d’espoirs pour toute une filière. Pour décrypter Musa acuminata, les chercheurs ont dressé le catalogue de ses 36 000 gènes.  » Ces données vont permettre d’identifier les gènes d’intérêt agronomique, notamment les gènes impliqués dans la résistance aux maladies, précise Angélique D’Hont. Elles vont aussi permettre de mieux comprendre les réseaux de gènes qui interviennent dans les qualités du fruit. Cela ouvre des perspectives : d’ici une décennie, on peut espérer trouver des variétés de bananiers améliorées qui permettront de se passer de produits chimiques. « 
Le séquençage est un atout d’autant plus important que la banane a des caractéristiques qui rendent complexe tout travail de création de nouvelles variétés : la stérilité des variétés commerciales notamment. Les bananes sauvages ont en effet une pulpe saturée de pépins, impossible à consommer. A la différence des bananes stériles qui pour cette raison sont les seules jugées comestibles et commercialisables. Mais c’est une contrainte forte pour l’amélioration des variétés par croisements.
La recherche de nouvelles variétés doit aussi prendre en compte les exigences de la filière d’exportation : la taille des cartons, la température des cales des bateaux, la durée de conservation, etc., tout a été conçu depuis des décennies pour répondre aux caractéristiques de la Cavendish.
 » Il existe des variétés plus résistantes, obtenues par le programme d’amélioration génétique du Cirad, explique Denis Loeillet. Mais elles présentent des caractéristiques qui ne répondent pas pour l’instant aux attentes de la filière. « 
Un autre écueil complique encore la donne : le fait que la banane soit bien souvent un produit d’appel dans les grandes surfaces, interdisant à la production de faire des marges suffisantes pour aller vers davantage de recherche.
Le décryptage du génome devrait donc faciliter la création de nouvelles variétés tout en tenant compte de ces multiples contraintes. Pour inciter davantage de pays à se pencher sur la question, le séquençage du bananier est maintenant en accès libre, à disposition de tous les chercheurs
Le Monde du 13/07/2012 Anne Devailly © Le Monde
Un marché mondialisé
130 millions de tonnes C’est le volume de la production mondiale en 2011. 52 millions étaient de la variété Cavendish.
5,2 millions de bananes ont été importées en Europe en 2011.
Equateur, Costa Rica et Philippines sont les principaux pays exportateurs tandis que l’Inde, la Chine et le Brésil sont les principaux pays producteurs

Génétique: la banane livre ses secrets

La Presse Ca Publié le 12 juillet 2012
Le séquençage du génome du Musa acuminata, qui entre dans la composition de toutes les variétés comestibles de bananes, a été achevé, ouvrant la voie à la création de variétés plus résistantes aux parasites, annoncent le Cirad et le CEA-Genoscope à Montpellier.
Le bananier a livré les secrets de ses 520 millions de bases, précisent le Centre de recherche agronomique pour le développement (Cirad) et le centre national du séquençage (CEA-Genoscope), rendant possible l’accès aux plus de 36 000 gênes de la plante et à leur position le long de ses onze chromosomes.
Les résultats de ce travail, qui a duré plus de dix ans, sont publiés mercredi en ligne dans la revue scientifique Nature, indique le Cirad qui avait déjà coordonné en 2010 le séquençage du génome du cacaoyer, travail réalisé par un consortium international.
Pour les chercheurs, ces connaissances vont apporter une «aide essentielle pour l’amélioration des variétés» alors que «le bananier est soumis à des menaces parasitaires constantes» et est «capitale pour la sécurité alimentaire et économique de plus de 400 millions de personnes des pays du Sud».
Ces recherches «faciliteront l’identification des gènes responsables de caractères (résistance aux maladies, qualité des fruits…)», explique le Cirad, constatant que si la «création de variétés plus résistantes est une nécessité», elle est «compliquée par la très faible fertilité des bananiers».
Ce séquençage constitue «une référence de grande valeur pour étudier l’évolution des génomes», assure le Cirad, précisant que les chercheurs ont déjà pu établir que le bananier a connu trois épisodes de duplication complète du génome, indépendant de celles constatées dans la lignée des graminées.
La plupart des gènes issus de cette duplication sont perdus mais certains ont persisté et permis «l’émergence de nouvelles fonctions biologiques», relèvent les chercheurs qui ont repéré d’abondants facteurs de régulation qui concourent «à des processus importants comme la maturation des fruits». 

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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