Les guides touristiques se sont adaptés : pas de baisse de vente de guide papier.

LE MONDE | 23.07.2012 Par François Bostnavaron

Le guide touristique papier fait de la résistance

Il en est des guides de voyage pourcomme des voyages : si le plus beau des périples est celui que l’on n’a pas encore fait, le meilleur des guides est celui qui n’a pas encore été écrit. Mais, au-delà de la formule et en attendant cet ouvrage parfait, les éditeurs rivalisent d’imagination  proposer des guides correspondant aux nouvelles attentes des voyageurs.
Leur cahier des charges, au fil des ans, s’est clairement modifié : il faut désormais offrir davantage de courts séjours, de destinations proches, de formules week-end. Il convient également de se singulariser par des contenus originaux privilégiant l’insolite ou les activités hors normes.
Mais, surtout, les éditeurs de guides traditionnels doivent tenir compte d’Internet et des nouveaux outils numériques (iPad, smartphones, etc.) qui pour deux Français sur trois, selon une enquête Ipsos de l’été 2011, sont devenus des soutiens précieux à la préparation au voyage.
Cette adaptation était nécessaire et bien leur en a pris : alors que le poids de l’Internet croit sensiblement dans notre vie quotidienne, le guide papier, celui que l’on plie, griffonne, annote, sur lequel on colle des Post-it, où l’on glisse des photos ou tickets souvenirs, n’a quasiment pas baissé en diffusion. Mieux, une décennie après l’essor d’Internet, les guides ont réussi à s’adapter pour rester un complémentaire à la Toile.
Chez Michelin, Olivier Brossollet, le directeur des guides de tourisme, reconnaît que les habitudes de voyage ont vraiment changé : « On ne visite plus un pays comme les Etats-Unis ou l’Espagne en un mois comme on le faisait avant, explique-t-il. On va de plus en plus dans une région, une sous-région ou une ville. Plusieurs échappées courtes se sont substituées au grand voyage. »
En conséquence, les guides se sont adaptés : format réduit, segmentation plus pointue. Les guides de court séjour représentent ainsi chez Michelin une quarantaine de titres soit un petit tiers de l’offre totale. L’accent a également été mis sur le plein-air. La montée en gamme des campings qui sont au fil des années devenus de l' »hôtellerie d’outdoor » n’a pas échappé au groupe clermontois qui désormais propose un guide recensant 250 hébergements de plein air en France. Une façon d’accompagner les familles qui, face à la crise, veulent privilégier des vacances proches et plus économiques.
Pour répondre à la boulimie d’informations des e-voyageurs, Michelin propose des e-books avec des liens cliquables. A utiliser de préférence à l’hôtel le soir en Wi-Fi. Pour Olivier Brossollet, le numérique reste, tant que le Wi-Fi gratuit ne sera pas répandu, le complément du voyage, en amont, pour la préparation. Sur place, le guide papier reste une valeur sûre.
CHAQUE VOYAGEUR A SES PRÉFÉRENCES
Cette certitude est partagée par Philippe Gloaguen, le patron du Guide du routard, qui fêtera ses 40 ans en 2013. Il est convaincu que le « guide papier a encore de beaux jours devant lui car il reste le plus pratique en voyage ».
Le Routard n’est néanmoins pas absent de la sphère numérique. D’abord avec Routard.com, son site figurant en seconde position juste derrière Tripadvisor au sein du classement des sites Internet de voyage et qui accueille plus de 2 millions de visiteurs uniques par mois (2,391 millions en mai selon Médiamétrie). Ensuite avec les applications sur smartphone – pour dix villes à travers le monde, dont Londres, Barcelone, Amsterdam, New York, etc., à 4,99 euros l’unité – qui une fois téléchargées ne nécessitent pas de connexion Internet pour être utilisées.
Les librairies spécialisées, celles qui ont un contact quotidien avec les voyageurs, sont objectivement les mieux placées pour analyser les tendances. Michel Marias, patron de la librairie de voyages Itinéraires à Paris, n’a « pas senti de baisse de vente de guide papier. Si un changement doit se produire, cela ne se fera pas de façon brutale », pronostique-t-il. D’autant plus que, bien souvent, ce sont des utilisateurs qui sont très attachés à un éditeur ou à une collection.
Baptiste Gros est libraire chez Voyageurs du monde, rue Sainte-Anne à Paris. Pour ce professionnel, lorsque l’on est habitué à un éditeur, on en change rarement : le lecteur du Routard par exemple, apprécie ce guide pour de multiples raisons. « Il aime le ton « tape dans le dos », le style « viens avec moi, je vais te montrer ce que j’ai aimé ». Un plus aussi : c’est un guide écrit par des Français pour des Français, à la différence d’autres guides, comme le Lonely Planet, qui sont traduits et s’adressent initialement à des voyageurs anglo-saxons », explique M. Gros.
Quant au voyageur lui-même, il suffit d’interroger les clients d’une grande enseigne de produits culturels au rayon guide. Chacun a ses préférences : telle grande voyageuse, archéologue, ne partira jamais en voyage à l’étranger sans son Guide bleu, quand cet étudiant en quête de bons plans s’appuiera sur le Routardet les tuyaux fournis sur des sites spécialisés par des locaux bénévoles.
Dans la période actuelle économiquement et politiquement troublée, Internet est indispensable si l’on veut bénéficier d’informations mises à jour. Dans certains pays comme l’Espagne, le Portugal ou la Grèce, des enseignes d’hôtels et de restaurants ont pu bouger au cours des derniers mois. Comment s’assurer sans Internet que la délicieuse taverne grecque située quai Tzelepi, derrière la place Karaïskaki au Pirée, n’a pas, elle aussi, payé son tribut à la crise ?

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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