Sécurité (SPHP) – Gilles Furigo vient d’être débarqué : divergence de vues entre le nouveau pouvoir et le tout-puissant policier.

Sud-Ouest 30/07/2012

Service de protection des hautes personnalités (SPHP)  : des politiques très bien protégés

Près de 750 fonctionnaires participent à la protection des hautes personnalités. Chacun d’entre eux revient en moyenne à plus de 70 000 euros par an

Lors de ses joggings présidentiels, Nicolas Sarkozy (ici à New York) était accompagné de plusieurs gardes du corps. Aujourd’hui, ils sont dix à assurer la sécurité de l’ancien chef de l’État et de sa famille. (photo archives ÉRIC FEFERBERG/AFP)
De François Mitterrand à Nicolas Sarkozy en passant par Jacques Chirac, Gilles Furigo avait bien su mener sa barque. L’arrivée de François Hollande à l’Élysée lui a été fatale. Après plus de vingt ans passés à la tête du Service de protection des hautes personnalités (SPHP), ce haut fonctionnaire dépositaire de bien des secrets vient d’être débarqué et placardisé à l’Inspection générale de la police nationale. Cette mutation sanction résulte sans doute d’une profonde divergence de vues entre le nouveau pouvoir et le tout-puissant policier.
François Hollande a jugé pléthoriques les effectifs mobilisés pour protéger aussi bien le gouvernement que certaines figures de la vie politique française. À peine arrivé à l’Élysée, l’ancien député de la Corrèze a réduit d’un tiers les effectifs des 93 personnes du Groupe de sécurité de la présidence de la République, l’une des entités du SPHP. Et il n’a pas tenu compte des avis autorisés qui lui déconseillaient de résider dans l’appartement qu’il occupe avec sa compagne, Valérie Trierweiler. Il s’est opposé aussi à ce que la rue où se situe leur logement soit bouclée
Pour l’heure, le SPHP comprend toujours près de 750 fonctionnaires. Mais ses rangs ne devraient pas tarder à s’éclaircir. De quoi réaliser quelques économies. En 2009, la Cour des comptes avait estimé que chaque ange gardien revenait en moyenne à 71 879 euros par an.
Chers présidents
François Mitterrand a été sans doute le président qui a coûté le plus cher au contribuable. Il lui a non seulement fait supporter les charges liées à la sécurisation de sa fonction, mais aussi celles relatives à la dissimulation de sa double vie et de sa fille cachée, Mazarine. Sans parler des deux escadrons de CRS de 70 hommes chacun qui se relayaient autour de la bergerie de Latche, dans la forêt landaise.
En Corrèze, Jacques Chirac n’avait recours, si l’on peut dire, qu’à une trentaine de gendarmes pour interdire l’accès au château de Bity ! Aujourd’hui, ils sont encore six à battre la semelle autour de cette demeure sans grand confort où l’ancien locataire de l’Élysée ne vient pratiquement jamais. Un effectif somme toute raisonnable au regard des 15 militaires encore stationnés en 2011 à Authon (41), autour du château de l’Étoile, discrète propriété de Valéry Giscard d’Estaing.
Outre les sept collaborateurs que la République leur alloue jusqu’à leur dernier souffle, les anciens présidents bénéficient aussi d’un dispositif de protection permanent. Il s’allège avec le temps. Deux gardes du corps veillent encore sur VGE, huit sur Jacques Chirac et son épouse, et dix sur la famille de Nicolas Sarkozy. Ce qui n’est sans doute pas de trop, eu égard au ressentiment suscité par l’ancien chef de l’État au sein de certaines catégories de la population et qui ne sont pas encore apaisées.
Raffarin pas d’accord
« Quand une menace se précise, il est normal d’assurer une surveillance », convient Philippe Marchand, l’ancien ministre de l’Intérieur de François Mitterrand. « Mais, trop souvent, on reste dans la mythologie. Quand j’appartenais au gouvernement, j’avais 15 CRS autour de ma maison, en Saintonge, où je ne mettais jamais les pieds. Après mon départ, je n’avais pas besoin non plus du véhicule, du chauffeur et de l’officier de siège qu’on m’avait attribués d’office. J’y ai rapidement renoncé. »
Tous ne le font pas. En 2010, la Cour des comptes avait pourtant demandé la suppression de cette faveur, unique en Europe, qui bénéficie aussi aux anciens Premiers ministres. « Si on veut vraiment faire des économies, je ne suis pas certain qu’il faille commencer par ce service », réplique l’UMP Jean-Pierre Raffarin, protégé par un garde du corps comme Alain Juppé, son prédécesseur à Matignon. « Une alarme, si vous n’êtes pas attaqué, vous trouvez que cela vous coûte cher. La notoriété est souvent facteur de sympathie. Mais quand on est connu de tout le monde, on attire aussi l’attention de déséquilibrés », remarque le parlementaire de la Vienne, victime en 2009 d’un déversement sauvage de lait dans sa propriété.
Missions de confort
La controverse se nourrit aujourd’hui de l’opacité qui entoure le fonctionnement du SPHP, dont le directeur est habilité secret défense. En 2010, la Cour des comptes avait dénoncé l’existence de missions de confort. L’inénarrable sénateur socialiste Michel Charasse, tout juste nommé au Conseil constitutionnel, était ainsi entouré par deux cerbères lors de ses séjours dans son Auvergne natale. Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux avait fini par y mettre le holà, avant de priver Rachida Dati de ses gardes du corps et de sa voiture après son départ mouvementé du ministère de la Justice.
À l’époque, le SPHP avait aussi sollicité, mais en vain, pour absence de menace, la suppression des protections dont bénéficiaient Ségolène Royal, François Bayrou ou Laurence Parisot, la patronne du Medef. La République reste toujours très discrète sur les avantages qu’elle accorde à ses représentants. À l’image de ce discret Service central automobile du ministère de l’Intérieur, qui véhicule à Paris les anciens membres des gouvernements et préfets qui en font la demande. « Maurice Papon, peu de temps après sa condamnation pour complicité de crime contre l’humanité, y avait eu recours sans que cela soulève la moindre difficulté », confesse un ancien ministre. 

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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