La politique d’expulsion des Roms est une honte pour un pouvoir de gauche

Le Monde – 14/08/12 –
Le message du ministre de l’intérieur annonçant que les décisions d’expulsion prononcées par la justice seraient exécutées, s’agissant des campements de Roms, n’est pas celui que nous attendons d’un ministre de gauche.
Le gouvernement a pourtant annoncé vouloir se soucier du devenir de la situation des bidonvilles et, par extension, des populations roms. Ces populations font depuis longtemps l’objet de préjugés, entretenus et aggravés par l’inacceptable discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy le 30 juillet 2010.

L’urgence impose de travailler au changement du regard porté sur eux. Il faut d’abord rappeler que ces populations sont victimes de discriminations dans leurs pays d’origine, mais aussi, bien souvent, dans les pays d’accueil.
Les droits de l’homme ne sont pas respectés lorsque des forces de l’ordre investissent des campements dans lesquels résident des familles et des enfants et les forcent à quitter inlassablement les lieux où ils s’installent, sans proposition de logement ou d’hébergement, empêchant toute stabilisation et par conséquent la scolarisation des enfants, l’accès au travail…
La dignité des personnes est bafouée lorsque des familles sont forcées de quitter des terrains insalubres, sans eau ni sanitaires, pour en rejoindre d’autres, dans le même état d’insalubrité, ce qui est la réalité des évacuations.
Qu’en est-il du principe « Pas d’expulsion sans relogement », qui va de soi, en particulier lorsqu’il y a des enfants, et qui continue d’être ignoré ? Par ailleurs, il est indispensable de supprimer les mesures transitoires rendant quasi inaccessible le marché du travail jusqu’au 31 décembre 2013 pour les ressortissants roumains et bulgares, alors que c’est un droit reconnu pour tous les ressortissants européens.
Un rapport de la Commission européenne du 11 novembre 2011 révèle que ces populations venues de Bulgarie et de Roumanie ont joué sur la période 2004-2007 un rôle positif dans les économies des pays d’accueil n’appliquant pas les mesures transitoires, qu’elles n’ont été la cause d’aucune répercussion significative sur le chômage.

Ce rapport montre à l’inverse que le maintien de ces mesures favorise le travail au noir et donc une exploitation des plus faibles.
Ajoutons que les populations roms roumaines et bulgares ont servi la politique du chiffre du précédent gouvernement en constituant environ 25 % des expulsions réalisées.
Attitude hypocrite, car, européens, leur droit à la libre circulation leur permet de revenir en France une fois les aides au retour perçues et le voyage au pays payé par l’Etat ! Le coût direct (aide au retour) et indirect (frais de gestion, recours judiciaires, escortes policières, etc.) de cette politique avoisine les 100 millions d’euros par an. Ces fonds auraient été mieux utilisés à des actions d’insertion, en commençant par des opérations visant à l’hébergement et au logement, dont ces populations sont privées.
Sait-on que des fonds européens gérés par la France ne sont pas consommés ? Pour 2012, des dizaines de millions d’euros du Feder (Fonds européen de développement régional) risquent d’être rendus à l’Europe ! L’Etat a péniblement utilisé 1 million d’euros de cet argent pour créer de l’habitat spécifique pour les plus démunis. En abondant de manière conséquente cette ligne du Feder pour le financement des logements des populations marginalisées, un premier pas serait franchi.

A propos werdna01

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