Moins d’Europe, moins d’économie, moins de démantelement social : En Hollande, le changement c’est maintenant ?

RTBF Monde |  20 août 2012

 Emile Roemer présente son programme

Le prochain Premier ministre néerlandais pourrait bien être un ancien instituteur héraut de la gauche radicale. Le Socialistische Partij d’Emile Roemer a le vent en poupe et pourrait devenir incontournable lors de la formation du gouvernement après les élections du 12 septembre. Avec ses positions anti-austérité, il viendrait ainsi renforcer l’axe Hollande-Di Rupo.
Les Néerlandais sont appelés aux urnes: le gouvernement de Mark Rutte qui rassemble les libéraux du VVD et les chrétiens-démocrates du CDA est minoritaire et a perdu l’appui extérieur du PVV de Geert Wilders en désaccord avec sa politique d’austérité.
Les sondages ne donnent plus ce parti ultra-droitier et anti-islamique gagnant mais bien une formation située à l’exact opposé sur l’échiquier politique: le SP, une dissidence maoiste du Parti communiste à l’origine dans les années 70, au discours radical et anti-européen.
 Depuis qu’il est cornaqué par Emile Roemer, ce parti progresse dans les sondages: il doublerait son nombre actuel de députés (15) et deviendrait le premier parti du pays devant le VVD de Mark Rutte.
En terme de popularité, l’ancien instituteur de Boxmeer (Brabant septentrional), 50 ans, est au coude à coude avec le Premier ministre. Un discours très direct, bon enfant et « peuple », a permis au leader de la gauche radicale de gagner les faveurs des Néerlandais. Emile Roemer a grignoté l’électorat traditionnel du PVDA socialiste. Comment? En menant constamment un combat d’opposition conséquent, sans jamais dépanner le gouvernement minoritaire.
Pour Emile Roemer, les Pays-Bas sont en crise depuis des années « à cause des mauvais choix politiques et des erreurs des gestionnaires« : « Pendant des années, nous avons toléré le détricotage des infrastructures publiques et de la sécurité sociale« .
La bataille de l’austérité
Le programme radical du parti a été aménagé pour être acceptable: on n’y trouve par exemple plus le relèvement de 5% du salaire minimum.
Ce dimanche à Arnhem, le SP lançait officiellement sa campagne et Emile Roemer n’a pas caché son ambition de profiter de sa position clé pour faire changer les choses: il envisage une alliance avec les autres partis de gauche, les partenaires sociaux et les organisations sociales.
Ajoutez à cela une rhétorique anti-européenne de plus en plus en vogue aux Pays-Bas, qui cadre avec l’opposition du parti aux lois du marché et aux mesures d’austérité. « C’est une idiotie d’exiger un déficit budgétaire maximal de 3% en 2013, sans tenir compte des circonstances. » En cas de dépassement, Emile Roemer refusera de payer « l’amende ridicule » prévue.
A Arnhem, Emile Roemer a répondu aux critiques émises par tous les autres partis quant à son refus de payer une amende européenne en cas de dépassement du déficit budgétaire: c’est une campagne de dénigrement orchestrée par les partis qui ont eu le pouvoir pendant toutes ces années. Il leur conseille en substance de « parler un ton plus bas et de procéder à un examen de conscience« .
Le chef de file du SP a également critiqué le rythme de l’intégration européenne. « Je m’oppose à la feuille de route de Van Rompuy, qui octroie encore plus de pouvoir aux technocrates de Bruxelles, sans contrôle démocratique, et qui s’assied à la table du secteur financier.« 
Paris-Bruxelles-La Haye contre l’austérité ?
Le résultat du scrutin sera donc aussi suivi avec attention dans les autres capitales européennes et notamment à Paris et Bruxelles où des socialistes sont au pouvoir.
Jusqu’à présent, les Pays-Bas s’étaient profilés comme des champions de l’orthodoxie budgétaire et avaient adopté une position très stricte sur les questions de respect des obligations des Etats-membres de l’Union, écartant par exemple la possibilité d’une intervention du Fonds Européen de Stabilité Financière pour aider les pays connaissant des difficultés financières.
Les élections du 12 septembre pourraient donc changer la donne en Europe.
JFH
 

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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