Crise financière saison 5 : le mauvais film continue

Siné Mensuel – septembre 2012 – Pierre Concaldi, membre des « économistes atterrés » (http://atterres.org/)
Pour juguler la crise financière, les gouvernements s’obstinent à appliquer les recettes du docteur Diafoirus. Saignée après saignée, c’est l’austérité généralisée. Pas de miracle : le monde foire de plus en plus.

Pendant tout l’été, le ballet des visites des chefs d’Etat et de gouvernement s’est poursuivi pour imaginer quelle suite donner au feuilleton de la crise financière. Résultat : un bilan carbone accablant pour une production de série Z deplus en plus atterrante.
Petit résumé des épisodes précédents : Une armée de brigands déguisés en financiers a fait main basse sur le pognon du populo pour aller jouer au casino. Au bord de l’implosion, les bnaquiers ont fait du chantage auprès des gouvernements qui les ont renfloués en gonflant la dette publique. Depuis, on demande aux travailleurs de rembourser l’argent qu’on leur a volé. On attend le moment où ça va péter.
Au cours de la dernière saison, on a bien changé quelques acteurs moisis comme Berlusconi ou Sarkozy, pour les remplacer par quelques autres un peu moins hystériques. Mais les producteurs s’obstinent à conserver le même scénario pourri. Ce n’est pas comme cela que le feuilleton de la crise financière va gagner en popularité, pas plus en Grèce qu’ailleurs.
Car tout le monde en convient : ce scénario n’est pas crédible. Taper dans le pouvoir d’achat des ménages engendre la récession, ce qui diminue les recettes de l’Etat et renchérit du même coup le coût de la dette. Car le Dieu marché veille : un pays qui a de moins en moins de recettes a de plus en plus de risques de faire défaut : le coût de sa dette, alors, s’alourdit. Au bout du bout, il faut payer de plus en plus cher une dette qui augmente. Bref, c’est le cercle vicieux. Du moins si l’on continue de donner le premier rôle aux marchés financiers…
Moralité : il faut taper sur les marchés et faire entrer en jeu d’autres acteurs. Les Etats pour taxer les revenus indécents de la spéculation, la Banque centrale européenne pour permettre aux Etats de se financer à des taux raisonnables, les populations pour leur demander ce qu’elles pensent d’un traité budgétaire qui ligote l’action des gouvernements. Ce n’est pas si compliqué. 
Au lieu de ça, on veut nous refourguer un mauvais remake du Titanic, avec des populations qu’on maintient la tête sous l’eau en plein naufrage.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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