Un budget de rigueur intenable… mais pas pour tous !

Le Canard Enchaîné 27 septembre 2012
En dépit de son budget de rigueur, le gouvernement parviendra t-il, fin 2013, à tenir son engagement de ramener à 3% le déficit du PIB si la récession s’accentue ? Jean-Marc Ayrault a donné la consigne à ses ministres : pas question de laisser penser aux marchés que la France pourrait ne pas être la bonne élève des finances publiques de l’Union européenne qu’elle prétend incarner désormais.
Las, sur Radio J le 23 septembre, Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, assénait, au sujet de l’objectif de 2013 : « C’est intenable, mais ce n’est pas à la France de le dire. » Et le président de l’Assemblée de lancer cet appel du pied à José Barroso et à la Commission de Bruxelles : « C’est à la Commission de Bruxelles de dire qu’on ne peut pas demander le même effort aux pays européens lorsqu’il y a de la croissance et lorsqu’il n’y en a pas. » C’est ce que prévoit d’ailleurs le traité…
Bartolone n’a fait là qu’exprimer tout haut ce que Hollande pense tout bas : il revient à la Commission de s’interroger sur le risque d’en rester au calendrier initial, compte tenu de la récession sur le Vieux Continent. Le président de l’Assemblée, l’air de rien, a donc révélé le plan secret de Hollande pour éviter un budget de rigueur encore plus draconien l’an prochain.
Il ne restera plus qu’à convaincre la BCE (1), les marchés et une certaine Angéla Merkel. Un jeu d’enfant.
René Dosière out !
Budget de l’Assemblée gelé pour cinq ans, « transparence » des fonds de la réserve parlementaire, baisse de 10% de l’indemnité des frais de représentation, Claude Bartolone souhaiterait mettre « un peu de rigueur… » dans la vie des parlementaires.
Il s’inspire ainsi des différentes recettes proposées par le remuant député PS René Dosière. Lequel – c’est un signe qui ne trompe pas – vient de se faire barrer la route de la Commission spéciale chargée de vérifier et d’apurer les comptes de l’Assemblée, alors qu’il y siégeait sous Sarkozy. Idem pour le Comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques.
En son temps, Dosière y avait enquêté sur les autorités administratives indépendantes (2) et dénoncé, pour partie d’entre elles, leur train de vie. Ca lui apprendra à ne pas respecter les institutions !
L’emploi familial de Bartolone
Claude Bartolone – c’est entendu – veut faire du Palais-Bourbon « une maison de verre transparente et sobre. »
Egalement soucieux des courbes du chômage et des emplois familiaux, le président de l’Assemblée a embauché seize collaborateurs à son cabinet (un de plus que pour un ministre). Et également sa moitié, Véronique Bartolone, avec le titre de « chargée de mission ‘intervention et droit des femmes’ ».
Sans rire, « Barto » a fait savoir qu’il n’a pas embauché son épouse mais épousé son ancienne collaboratrice ! Ca change tout, évidemment.
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1 – La construction du futur siège de la Banque Centrale Européenne à Francfort coûtera finalement deux fois plus cher que prévu (Le Figaro 22/9). Pas mal, pour une banque qui prêche la rigueur aux autres…
2 – Les autorités administratives indépendantes (AAI) – une quarantaine d’organismes aussi divers que la Cnil ou le CSA – doivent faire l’objet de “certains regroupements” et d’une maîtrise de leurs dépenses, préconise le rapport parlementaire publié le 28 octobre 2010. Déplorant “le manque de transparence” sur les moyens alloués aux AAI, le rapport épingle l’augmentation de leurs effectifs (+16,8 % en trois ans) et de leurs crédits consommés (+27,4 % en trois ans), des chiffrages “sans doute sous-évalués”.

A propos werdna01

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