« Les OGM vus de Bruxelles : circulez, il n’y a rien à voir ! » | l’Efsa se prend les pieds dans la déontologie.

 Nouvel Obs  06/10/2012
Le conseiller scientifique de l’Efsa qui a descendu en flammes l’étude Séralini… est aussi celui qui a autorisé le maïs OGM Monsanto NK 603. Par Guillaume Malaurie.

OGM : l’agence européenne aux doubles casquettes

Pour rédiger son préavis sur l’étude de Gilles-Eric Séralini sur le maïs NK 603, l’Agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa), avait montré patte blanche : elle assurait que les rédacteurs n’étaient pas membres du « panel » (le groupe scientifique)  qui avait  autorisé la mise sur le marché de ce même NK 603.
Logique : être juge et partie rendait ipso facto l’avis suspect. Comment en effet se déjuger sur ce qu’on a déjà jugé ? Sauf qu’une fois de plus,  l’Efsa se prend les pieds dans la déontologie.
Explication : 
L’un des deux scientifiques consultés (« peer reviewers » (1))  pour rédiger le préavis assassin de l’Efsa  sur la recherche  de Gilles-Eric Séralini le 3 octobre dernier est le britannique Andrew Chesson.
Or c’est le même Andrew Chesson qui, avec Gijs Kleter, avait préparé le brouillon d’avis ( draft)  sur lequel le panel de l’Efsa avait voté positivement le 25 novembre 2003. Et qui concluait à l’autorisation de mise sur le marché du maïs NK 603.  
Andrew Chesson était en effet  remercié en toute fin de l’avis favorable de novembre 2003 en ces termes : « Le groupe scientifique sur les organismes génétiquement modifiés tient à remercier Andrew Chesson et Kleter Gijs pour leur contribution au projet d’avis. »
Ainsi le même expert qui prépare l’argumentaire de l’Avis en faveur du feu vert à la commercialisation du NK 603 est  précisément le conseil scientifique, le Pair, de ceux qui doivent se prononcer sur l’étude qui met en évidence sa toxicité !
Après les conflits d’intérêt qui ont affaibli considérablement l’autorité de l’Efsa, voilà le temps des faux nez, du cache-cache et des mensonges par omission.
Ca fait beaucoup pour un organisme qui a en charge la santé de 300 millions d’Européens. Et dont on attendrait une conduite et des procédures au-dessus de tout soupçon.
 Guillaume Malaurie
 (1) « Acknowledgement: EFSA wishes to thank the following EFSA staff: Saghir Bashir, Per Bergman, Danièle Court Marques, Claudia Paoletti, Manuela Tiramani, Didier Verloo and Elisabeth Waigmann for the support provided to this scientific output. EFSA also thanks the peer reviewers of this statement Andrew Chesson (member of the GMO Panel) and Alberto Mantovani (member of the PPR panel). »

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
Cet article, publié dans Ecologie, Economie, Europe, Science, est tagué , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.